lundi 30 novembre 2015

Comme il faut


On disait de moi : quelle gentille fille, comme vous en avez de la chance. J'étais fière et je voyais dans les yeux de papa, de maman les néons de la récompense clignoter. C'étaient de bons parents. Maman me serrait contre elle et papa me regardait avec le tressaillement d'un amour sans bornes.

Je disais bonjour monsieur, bonjour madame,
je disais s'il vous plaît madame,
merci monsieur, bonne journée monsieur.  

Et les adultes fondaient comme glace au soleil.

J'étais polie, joliment aimable, bouche en cœur, 
douceur candide d'une innocence bien cultivée.

Je ne mettais pas mes coudes sur la table,
mangeais de tout un peu,
je levais la main haut pour porter la fourchette jusqu'à ma bouche
que je fermais pour mâcher muette.

Et les passants à mes parents :
mon dieu la belle enfant.
Mes parents étaient de bons parents.

Se laver les mains avant de passer à table,
se laver les mains quand on a touché la terre,
la poignée de la porte des toilettes,
et la main de ma grand-mère.

J'ai grandi.
 
Aujourd'hui je trie mes déchets, la poubelle orange, les papiers et les journaux,
il doit rester zéro
et tous les jours je mange bio, bio tous les jours.
Aujourd'hui papa et maman ne sont plus là pour me dire ce qui est bien.
Mais je me débrouille.

Je dis
black, blanc, beur
SDF, sans travail.

je dis bonheur la bouche en cœur,
je dis joie et amour,
je dis dieu un peu mais toujours avec ferveur,

je n'ai jamais un mot plus haut que les autres.
 
J'ai fait des études, fait mon droit, mon bon droit,
suis avocate maintenant et parle comme il se doit,
comme il se doit que je parle
quand je défends la veuve et l'orphelin,
l'opprimé et le déprimé,
le délinquant et les escrocs,
tous ceux qui ne font pas les choses comme il faut,
comme il se doit qu'on les fasse

parce que papa et maman ne leur ont pas appris comment il fallait faire comme il faut.
S'ils l'ont fait ils ne l'ont pas fait comme il fallait sinon leurs enfants ne seraient pas délinquants ou bien ils ont tout fait comme ils devaient faire mais leurs enfants n'ont pas écouté.

Ils ont choisi le chemin des quartiers,
des mauvais quartiers où l'on nique ta mère,
l'on se la joue chelou, avec des yo et yes,
où l'on parle avec l'air méchant et les gestes qui vont avec wesh wesh,
parce qu'ils sont des gens bien comme il faut dans ces quartiers comme il en connaissent,
pas plus méchants que moi
avec mes s'il vous plaît,
mes merci,
eux avec leur yo et yes dedans ces quartiers où dit-on , on ne fait plus de quartiers,
ces endroits remplis de jeunes comme il se doit quand on vit là où ils vivent….

Là,
j'en ai vu un qui faisait la honte de ses parents parce qu'il ne parlait pas comme il faut.
Et les parents étaient tout dépités, dépités d'avoir un fils pas comme il le faut
et les gens qui passaient, savaient qu'ils avaient fait tout ce qui était dans leur pouvoir pour corriger le black mouton,
et les voisins disaient pauvres parents c'est dur d'avoir un fils pas comme il faut
qui dit bonjour, bonsoir, merci au revoir,
tous ces mots des mauvais quartiers
où l'on se drogue,
où l'on se bat,
où les enfants sont dans la rue jusque très tard,
les enfants des quartiers sombres, pour ne pas dire…

cet enfant a grandi, mal tourné, tout le temps fourré dans d'autres quartiers,
son père et sa mère ne sont plus là pour se désespérer mais lui ne s'en plaint pas.
Il me dit même qu'il se porte mieux avec des mots choisis,
des mots des quartiers où j'ai grandi,
des mots qu'il a adoptés,
qu'il dit avec respect parce qu'il a appris à les aimer,
et moi qui les savais tous, les prononçaient soir et matin comme un robot
je ne les reconnaissais pas quand c'était lui qui leur donnait la vie.

Alors j'ai épousé ses mots avec la robe qu'il leur avait modelée et on s'est marié dans toutes les langues avec tous les mots bien pensants ou non, choquants ou non, avec les mots de tous les quartiers et avec bonheur aussi.

jeudi 26 novembre 2015

Quotidiens

7h : Il se réveille. Pas besoin d'alarme, son corps s'est calé sur l'horaire. Il se lève immédiatement. Il n'attend pas, il n'attend plus dans son lit…
- Pourquoi le faire quand on dort seul, que pourrait on espérer : une fée perdue ou noyée dans une mare de whisky, au mieux une compagne éphémère ? La chaleur d'un corps, une respiration ce serait bien…
Trop bien pour lui sûrement. Non, la seule chose qui respire dans cette chambre cagibi c'est lui.

7H05 : Il se douche, juste le temps de se laver, de se rincer des illusions nocturnes ou de quelque rêve coincé dans l'éveil comme une mouche prisonnière. Cinq minutes pas plus, il faut économiser l'eau. Il aime bien sa douche. Douche à l'italienne.
- Il n'est pas assez naïf néanmoins pour la dorloter comme une amie.
Il n'est pas amoureux de sa création comme de nombreux bricolos qui remplissent les heures vides par un trop plein d'agitations ingénieuses.

7H15 : Il allume la télé, programme pour enfants, s'allonge sur le canapé, se couvre d'un léger duvet, passe du mode sommeil à celui de l'éveil. Tous les matins seront pareils.
- Pourquoi, vieil automatisme du temps où sa fille était toute petite ?
Non, pas automatisme, le mot ne convient pas, il est volontairement dévalorisant parce qu'il assèche son contenu, parce qu'il fait de lui une machine à vivre plus qu'un homme qui réfléchit, aime, pleure, colère. L'automatisme est dans la répétition du geste pas dans sa teneur.
- Il allume une télé.
Non il ouvre une fenêtre sur un temps de bonheur, sur des souvenirs augmentés d'une aura de joie plus intense que vécue. Il aime les voix faussement candides d'un Titeuf – et Bérénice, ça il rajoute bien sûr, ou encore Scoobidooo .
- Il a des goûts plutôt déplacés : à son âge suivre des émissions pour enfants.
Non, il aime parce qu'il entend la vie banale des jours heureux, les petit déjeuners quand sa fille avait cinq ou six ans, qu'il était marié mais ça ce n'est pas important, il a oublié mais il n'oubliera pas sa fille, sa voix qui résonne encore dans sa mémoire, la joie, les rires, ses cheveux tout blonds à cette époque, son survêtement vert, elle, devant la télé...
Pour avoir cinq minutes de calme avant de partir sinon la télé…
il n'y tenait pas plus que ça, la maman peut-être, pas sûr. Aujourd'hui, trente années après il reste la chaleur de ce moment ranimée par quelques images intemporelles.
-Un Éden pour remplacer une vie ?
Peut- être mais il exagère, il théâtralise...
- La main sur le front, le visage qui questionne le ciel, le regard perdu, le dos tourné à son interlocuteur imaginaire qu'il repousse d'une main tendue, harassée, expression tourmentée, corps abattu.
Il n'est pas comme ça mais il en sourit et c'est déjà ça de gagné. Demain matin il y repensera et le souvenir reviendra. Ça durera un quart d'heure. C'est toujours ça de pris sur la mélancolie.

7h30 : Le moment du café. Avant il n'en buvait pas. L'habitude lui viendra avec sa femme, la mère de son enfant, grande consommatrice. Ils étaient jeunes, partaient le matin à la dernière minute, filaient à toute vitesse avec juste le temps d'avaler un express. Tout a disparu sauf la tasse qui est devenue bol puis cafetière. L'odeur revient de loin comprenez vous. Familière, enveloppante, rassurante, douloureuse également. Pas de tartines beurrées à l'époque, non pas le temps. Il mangerait mieux à midi. Aujourd'hui une cafetière quatre tasses, monument posé sur son socle de faïence rouge, attend. elle arrive directement d'Italie avec la langue qui chante à l'intérieur et l'affection de sa fille.
- Un cadeau ?
Oui. Elle vient de Rome exactement.
- Il prendra une gorgée de café, d'amour, de rêves, de souvenirs.
Son souvenir bout sur la plaque de cuisson. L'eau chauffée est contrainte de passer dans la poudre, se charge de son arôme, s'en trouve colorée. Elle circule avec un gargouillis ronchon d'une qu'on oblige, qu'on dérange dans son équilibre d'eau et elle en exprime le désagrément, fuit à travers une faiblesse du joint, s'évade, s'évapore brûlée au rouge halogène, bave coléreuse, se répand en pellicule marron. Il écoute l'habituelle complainte de la cafetière, la retire du foyer, verse le sombre nectar dans un bol jaune écaillé de noir.
-Le même depuis des années ?
Le reste d’une époque qui s'est mal terminée, un bol sans histoire sauf s'il devait se briser car tout à coup elle réapparaîtrait histoire fantomatique, brève et chaotique, violente et passionnée.
- La complainte du café.

7h40 : il se sent un peu café, les Lapins Crétins aussi derrière l'écran mais sa fille bavarde à ses côtés.
- Le train-train de l'ordinaire mi vrai, mi rêvé.
La voix de l'enfance, de toutes les enfances, la sienne, celle de sa fille, de ses sœurs et frères, de ses camarades d'antan. Enfance de campagne, enfance de nature, contre la vie des villes...
- Où l'on n'est jamais aussi seul que dans la multitude.
Silence de voisinage jamais rencontré...
- Silence de couloir, silence du soir, nocturne sans musique, pas d'échange, pas de connaissance de pallier.
Pourtant deux mètres au-dessus de lui, quelqu'un se douche, ça s'entend un peu, quelqu'un prend son petit déjeuner, peut-être du café.
- Pourtant à coté, dix centimètres au delà du mur de béton quelqu'un se lève, respire, écoute la radio ou regarde la télé. Dix ou vingt centimètres tout au plus...
- Et cela suffit pour s'ignorer les uns les autres.

8h : Il s 'habille parce qu'il le faut…
- Il ouvre ses volets roulants parce que ça se fait…
range son appartement parce qu'il n'aime ni les pièces de musée qui sentent le rigide à plein nez ni le capharnaüm qui dénonce le désordre intérieur, le laisser aller des occupants.
Il vit parce qu'il le faut, parce qu'il n'aime ni le désordre ni l'ordre impérieux. Il vit tout simplement comme il peut, les mains dans un bonheur discret avec une bonne dose de renoncement et une autre de rébellion.
- Il vit comme ça tous les matins ?
Il vit comme ça tous les matins des jours qui se déplient page après page, entre passé recomposé et présent palpable mais pas encore complètement construit. Mais...
- Mais l'autre jour…
Mais il y a aussi les week end, les petits déjeûners à deux, dans une chambre de soleil radieux…Avec de la souplesse dans l'air, des bavardages, une voix de chair, la voix d'une belle âme chère….
- Sa belle amie si chère.
Tout se mélange et cela fait une dose de légèreté à déguster dans une lampée…
- de café ?
avec le sourire s'il vous plaît
- Tous les jours ?
Non, l'autre jour… mais… non. L'autre jour il n'a pas suivi les programmes coutumiers, il n'a pas regardé la télé, sa fillette de cinq ou six années s'est tue, sa belle âme, belle amie s'est blottie contre lui. Ils avaient les pieds pris dans les mailles du quotidien mais d'un quotidien pas du tout ordinaire, un quotidien dont ils sentaient les griffes sur leur peau et les morsure sur les bras, sur les jambes, balafres vicieuses...
- Des coupures dans leur ville.

Les blessures de Paris percutent leur vie.




mercredi 25 novembre 2015

Maraîchage électoral


Achetez ou vendez du citoyen comme des tomates. Bouffez de la république comme du chocolat. Cultivez en plants media, tutorisez les vieilles plantes fragiles, caressez dans le sens des feuilles, semez la peur en champs électoraux, choisissez vos porte- greffes dans les terroirs les plus glauques, plantez français.

Gesticulez, moulinez dans le vent, éventez vos engagements, passez la brosse à reluire, bouc-émettez, élevez vos promesses en batterie. Essaimez. Traitez à la bouillie, repiquez, répliquez.

Montrez du doigt, attisez l'ego, tordez les mots, torturez les idées, déformez, réformez sur papier, blablater, serrez des mains, embrassez du bout des lèvres, tournez la veste, allez, venez, dansez la danse de la mouche autour du coche, héler, crier, interpeller , copiner, ergoter, cocoricoter.

Faire du vent, répandre des bruits, ruminer la rumeur, s'amnistier, troubler l'eau comme la chaux, mentir, cacher, se couper du monde, vase clore, clôturer le champ de ses interventions, chloroformer, chlorer, tri-chlorer, tri-colorer, mettre dans le secret, mettre au secret.

Nager en eau trouble, dans le sens du courant, filer, se faux filer, falsifier, récupérer, détourner, achever le mourant, dénoncer, renoncer, danser la danse de saint Gui, buzzer, big buzzer, beugler, bluffer, jouer les cow-boys, cow-boycoter, sourire, fomenter, conspirer, conspuer-embrasser-embraser , rhéto-rhétorire-rhétoriquer, réthoniquer.

Bouffer de la politique comme on s'envoie un burger, vite fait, sans goût, sans état d'âme. Attention à la surcharge, attention à l'excès, attention au laxisme, attention à la république des bananiers, attention trop c'est trop, beaucoup trop le chaland va vomir.

vendredi 20 novembre 2015

Fluctuat

Solidaire.

Je suis sol, sol sans terre sans territoire, sol en terre sans frontière.

Je suis terre, terre des hommes, terre fraternelle, seuil pour tous les sans seuil.

Je suis sol à seuil et sans frontière, porte ouverte, main tendue et fraternelle.

Je suis sol et terre, sol et seuil, seuil et porte, porte voix, porte parole.

Je suis sol que les balles ballottent, qu'on assaille, qu'on mitraille, détourne, récupère

sol de combat, qu'on replie, qu'on emprisonne,

sol d'exil qui refoule, qu'on repousse, qu'on libère,

sol acculé contre les mers, adossé à la fin des terres,

mais sol toujours,

toujours sous vos pas, vos paroles,

sol qui vous porte et ne se dérobera pas.



Et puis je voudrais être un sol qui donne le ton, ne sonne pas le glas,

ton sol, ton soleil

parce que je vois de la grisaille sur ta bouche, de la mitraille sur tes yeux,

du repli dans tes mots, du silence dans ton cœur,

être ton sol haut en couleur,

sol qui ballotte mais toujours te porte.



























Je suis sol et terre terre sans frontière, je suis seuil ouvert à tous les pas,

lundi 16 novembre 2015

Pèlerinage

Peut-être existe-t-il un tiers au delà mais pas de l'espèce que nous décrivent toutes les prophéties. Dieu ne nous a rien fait directement mais ses églises, ses sectes et tous ceux qui se prétendent élus avec ou sans barbe ont fait preuve d'une grande créativité pour nous maintenir le bec dans l'eau, l'au delà bien sûr. Et les prophètes sont à la religion ce que les grands cuisiniers sont à nos petits plats. 
 
Que dire de nos chevaliers de robe politique qui brandissent leur bla bla bla comme des armes, aguichent les troupeaux moutonneux que nous sommes à coups d’œillades sécuritaires et plus on parle de nous protéger et plus ça me fait peur et plus j'ai mal au cœur. Nos guignols gesticulent, crient aux scandales, déversent leur flots de haine personnelle. Religieux, politiques même combat dirait-on. 
 
"Mon petit, faut qu'ils vivent" répondra La Voix qui résonne sous mon capot. Elle en a de bonnes. A sa décharge elle instille une grande dose de cynisme dans le fond de ses remarques. Reconnaissons le, il doit bien avoir des purs sous les soutanes, quelques doux dingues aux convictions sincères dans les temples de prière ou les fabriques de nos idées, idéaux démocratiques. On les entends bien mal et la sagesse d'ici bas ou d'en haut se dissout dans les professions de mauvaises fois. Ça couvre à grands cris leur petites voix. 
 
Je ne communierai pas avec les braillards. Tous ont tellement de sang sur leurs prières. Aujourd'hui pas plus que demain et pas moins qu'hier, nous partagerons notre pain quotidien sans calcul, sans aucune équation qui viserait l'égalité entre ce que nous donnons et ce que nous recevrons dans la nébuleuse d'une après vie, pas après mort non, après vie parce que la vie est et ça suffit.

Aujourd'hui bien plus qu'hier encore, allez donc savoir pourquoi, partir en croisade armé de la volonté indéfectible de jouir. Saluer la vie encore et encore, se laisser pénétrer de ses courants d'air, la laisser introduire en nous la douceur d'une gorgée de café au réveil, marcher dans nos villes, nos campagnes sans crier aux armes citoyens, célébrer le ciel et la mer tous les jours face tournée vers l'est le matin et l'ouest au couchant. Aimer le calme et son silence, guetter la musicalité du quotidien dans la chanson du tram, le ronronnement du matin, contempler, aimer, vénérer la danse de l'ordinaire pour en extraire l'essence unique. Pourquoi la légèreté de l'être ne se goûte jamais autant que sous la menace ?

Être riche de ce que le jour nous donne, riche désespérément, riche de sa vigueur parce que nous connaissons trop la fragilité, la précarité de ce qu'elle construit, qu'elle arrache au néant qu'elle bâtit sur le chaos. Nous marcherons seuls dans nos rues, nos chemins, la tête en l'air, l'esprit aux aguets prêt à s'ouvrir au moindre chant d'oiseau, au moindre frôlement d'une robe, à ta moindre caresse ma compagne, mon amie si chère, à ton premier gazouillis de bébé ma petite fille, à ton sourire de maman, ma fille, vous tous qui partagez le quotidien de nos pensées et toi aussi qui promène ta canne et ton gobelet à chaque feu rouge, mendiant soupçonnable ou toi encore dont nous croiserons le regard, toi qui nous sortira de l'anonymat par un bonjour, un vrai avec les yeux dans les yeux.

Nous marcherons, nous nous exposerons à vos éclats de rire, à la mitraille de vos printemps, nous exploserons de joie avec l'urgence de celui qui se sait mortel. 



samedi 14 novembre 2015

Comme si


Aujourd'hui je saluerai le soleil
le jour qui se lève, comme si,

je tremperai mes tartines beurrées 
dans la quiétude des heures ordinaires 
comme si, comme si,

je parlerai de la pluie et du beau temps, 
des saisons qui s'en vont,
de la nuit d'avant avec le silence des mots 
je dirai les banalités du quotidien,
comme si, comme si,
 
Comme si le temps avait sauté des heures, 
la mémoire gommé vos traces 
comme si, comme si,  

puis l'épicerie ouvrira,
la vieille cliente entrera,
dira bonjour madame, vous avez vu, mon dieu.

A la boulangerie l'enfant du dimanche 
trois croissants s'il vous plaît,
la vendeuse lui sourira avec un mot gentil 
et dans leurs yeux le comme si, le comme si

parce que nous n'avons rien de mieux à offrir
pas d'autres armes pour vous rendre hommage
et je n'en réclamerai pas de nouvelles
parce que nous ne plierons pas
parce que la vie qui coule n'est pas faite
pour remplir de sang les rigoles et les trottoirs.

Alors je vivrai comme si, comme si
pour résister, sans oublier, sans me taire,
sans fermer les yeux sur les errements
de ceux qui gouvernent.

Comme si, comme si
sans me compromettre
dans des confusions faciles
comme si comme si.

vendredi 13 novembre 2015

Cela pourrait être...

photo : Les poèmes d'Argyne
Cela pourrait être une fenêtre par où on regarde le monde s'agiter à l'extérieur de soi, bien confortablement installé devant ce hublot pour contempler les sauts, soubresauts des trois bateaux que la mer secoue jusqu'au débordement. Un regard de spectateur sur la folie de l'eau, impassible de tranquillité, le spectacle de trois voiliers qui luttent pour se maintenir à flots. D'ici juste un tableau, un mouvement des eaux, quelques voiles qui se déchirent et s'il n'y avait pas ce hublot. S'il n'y avait pas ce silence douillet et chaud entre toi qui observe et ce drame de la mer, s'il n'y avait pas la certitude innocente que rien de ce qui se passe de l'autre coté ne pourra t'atteindre parce que rien ne peut troubler la quiétude de ton point de vue... tu te laisses distraire par l'esthétique de la scène, le ballet des bateaux entre vie et mort, le rythme des vagues. Le ciel troué d'éclairs sûrement. Et si tu t'offrais une bière tout en suivant le drame comme au cinéma. La bière, le fauteuil, le doux ronron d'un feu de cheminée et la rumeur du vent si lointaine. Un peu de musique. Un autre univers.

Mais voilà, le verre cède sous la pression du dehors et l'horreur s'invite dans ta bulle, une douche froide un sursaut de tes sens, le réveil brutal et soudain la violence de l'eau, la rudesse du vent, la détresse des hommes dans cette vague qui te submerge et t'entraîne dans son destin. La nature a horreur du vide dit-on et la mer noie tes privilèges, une gifle d'écume et de rage t'entraîne, la tourmente aspirée se déverse de ton coté des choses sans que tu sois préparé. Deux mondes mis en communication et le bateau coule coté tranquille, coté plage, coté spectateur, au passage t'inonde, te repousse plus loin sur le sable, s'engouffre dans ta vie et tu entends dans ta peur des cris d'hommes, des hurlements de femmes, des pleurs d'enfants qui se mêlent à ta détresse passagère, l'effroi et le froid et le craquement lugubre d'une coque qui se disloque et l'odeur de la mort se répand dans ta chambre, des corps étranges, des cris d'étrangers. Le dedans et le dehors s'équilibrent. Leur trop plein de terreur se vide dans ton trop plein de quiétude et tu te félicites de n'être qu'une victime collatérale, victime mais vivant. Alors tu te mets en colère et tu hurles : mais vous êtes fous, retournez d'où vous venez, on ne vous a pas invité, regardez ce que vous avez fait, le désordre que vous avez semé, les dégâts,les troubles. J'en suis tout retourné. Partez.

jeudi 12 novembre 2015

L'amour vache

Je t'aime, t'aime, t'aime
le-carnet-de-jimidi.com
je t'aimeuh meuh meuh.
De mâle en pis,
de pré ou de montagne
de Salers ou de Bretagne
mais je t'aime , t'aime, t'aimeuh.
Avec ou sans un clocheton
ding et ding dong
je t'aime t'aime t'aimeuh.
En robe rousse ou blanche et noire
en bête à viande ou bête à lait,
bête à manger du foin,
à l'armoricaine, béarnaise ou charolaise
que tu meugles, beugles ou vêle
je t'aimeuh meuh meuh...
ma vache à lait
ma marguerite et son prisonnier,
ma chérie vache, vacherie
je t'ai, t'ai dans la peau.

mercredi 11 novembre 2015

Aïe-phone


Chaque soir à la nuit tombée et quand ça sentait bon le sapin de Noël, il sortait arpentait les rues, se gavait de lumières, de jingle bells, de joyeux Noël, il s'arrêtait devant des boutiques rétroclairées comme des écrans de phone. Il se collait le nez contre leur vitre léchait leur verre avec l'envie qui lui serrait le ventre, lui vrillait les intestins. Cet Aïe Phone, le Sept, le dernier né de la gamme, avec un hochet pour les bébés, sa coque aux couleurs du Barsa, trop cool juste celui qu'il voulait, trop bon… trop con, je n'ai pas de ronds.

Petite voix malhonnête :
- tu connais pas le slogan ?
Lui :
- Quel slogan
-Si tu peux pas l'acheter...
-Je sais pas voler
- Mais t'as vu comme il est beau, il est vraiment trop chou, regarde regarde mais regarde !
- C'est vrai, j'en rêve, il irait très bien dans ma main, son écran doit être doux, ses couleurs, ses musiques, son ronronnement... Arrête, je sais pas voler, je te dis!
- Casse la vitrine...
- J'suis trop nul!
- Et les filles tu as pensé aux filles, Malika, Loane, Sue, la belle Sue avec ses yeux d'amandes, sa peau blanche, la petite vague qui agite son pull quand elle court, ses jambes longues, longues, longues… la belle Sue aussi belle que le Sept.
- La belle Sue et ses lèvres… sa peau, son parfum... et toutes ces belles Sue… c'est trop top...

Bruit de verre, sirène, alarme, vitrine, du sang, l'aïe-phone…
- Mon icône, mon aïe-cône.

Je veux, je vole, j'ai mais je veux encore. Sept, Huit, Neuf… qui vole un œuf...

mardi 10 novembre 2015

Petits bonheurs


Les gens heureux sont silencieux, passent dans nos vies à pas de loup. Ils laissent au dessus de nos yeux un grand panache bleu qui traverse nos cieux. C'est la comète des gens heureux. Et tu sautes et tu lèves le bras comme l'enfant d'autrefois sur son cheval de bois.

Les gens heureux n'ont pas d'histoire, les gens heureux ne font pas d'histoires, les gens heureux ne font pas l'Histoire à coup de hache majuscule mais nous les seigneurs de guerre nous aimons mieux le roulement du tonnerre, les grands débordements de colère, les choses saignantes, aux grands attachements qui nous collent au cœur comme un caramel mou s'agglutine à nos dents.

Nous adorons le sans amour. Nous sommes si loin dans nos déserts, désirs de querelle, si loin de cette comète dont on ne voit que le bout du bout de la queue.

Les gens heureux ont une petite histoire avec une hache en minuscule. C'est pour tailler le bonheur en allumettes, en faire des boîtes que l'on donne aux petites Suédoises quand les rues sont froides, le bonheur en boîte, boîtes d'amulettes pleine de lumière, pour nos petites Suédoises que l'on appelle toutes Lucie les jours sans lumière de Suède ou d'ailleurs.

Quelle drôle d'histoire. Je préfère les grandes salves au flash d'une allumette, les grandes slaves aux petites Suédoises. Je hais le goût du miel, la tête du Prince Charmant.

Lucie aimait les allumettes qui crachent un instant de bonheur dans la flamme qui la brûle. Lucie a craqué toutes ses amulettes. Elle brûle maintenant dans une boîte de bois blanc. Lucy in the sky with diamonds, in the sky with daimons.

Et les gens heureux demeurent silencieux, ils passent toujours dans nos vies à pas de loup et nous les loups chérirons toujours l'obscurité des choses.

lundi 9 novembre 2015

Consommons

photo Dawncore
Développer, consommer, produire, jouir, 
longtemps, le plus possible, 
à la folie sans sommation. 

J'en veux d'autre et tout de suite, 
et toujours plus, encore, encore. 

Produire, conduire, 
construire, détruire, nuire, 
changer de monde 
les uns contre les autres, 
contre les uns avec les autres. 

Abîmer, défigurer, déforester, 
contre contempler, congratuler, 
rêver, inventer, fabriquer, 
aimer, libérer, sauver. 

Juste ce qu'il faut contre toujours plus, 
la proie contre son ombre, 
la soif contre la satiété,
tout et tout de suite, 
dans l'instant, au présent, 
oppressant, opprimant. 

Posséder, désirer, 
dépassé, transgressé, 
démodé, privé ou frustré,
consommé, consumé, 
compulsif, impulsif, 
agressif, abusif. 

Jamais assez… 
 je veux, je le veux, 
moi, à moi pas à toi. 

Jamais satisfait, 
jamais repu, 
jamais modéré, 
jamais comblé.

vendredi 6 novembre 2015

Boss



photo Antoine Pennacino
Dans le téléphone du Boss le gratin du monde, sur son envers les gens du bas qui vivent au ras du trottoir. Coté clair le pur qui monte parce qu'il est plus léger que l'air débarrassé des tracas du bas. Coté obscur, l'impur prisonnier de la glaise parce qu'il mange trop de gras. Tout en haut invisible d'en bas tellement c'est haut, les arcanes du Boss.

Toujours la même rengaine. Le veau et son or, comme dirait mon ami Moïse, sont toujours la crème de la crème, font toujours le délices des palais et moi d'ajouter le veau et ses media duo gagnant sur tous les écrans, les images qu'on adore, l'or qui nous rend fou et la fuite en avant parce que derrière il y a quelque chose qui nous court après et ça nous effraie, alors on se réfugie dans l'agenda du boss, notre château fort et lui notre seigneur. Que Dieu et ses vassaux nous protègent, amen. L'avenir de ma planète dans l'annuaire du boss où se logent gratos les z'homs z'importants n'est ce pas. Allô allô, allô ! Mais personne ne répond.

l'univers du boss l'agenda du boss, l'annuaire du boss. Mais boss n'a pas la bouille d'un ange. Il ne sait pas, dit- on qui saccage la planète, moi je dis : il s'en fout dans sa bulle de boss, notre jardinier cultive son pouvoir, se soûle à coups de téléphone, de galas, de cocktails quand d'autres s'essaient à planter tomates et radis, bio s'il vous plaît. Le Boss fait le coq. Le boss s'amène dans sa box à rallonges. Elle a plus de portes que d'habitants, c'est là qu'il vit très loin de la base le boss avec son téléphone et dedans le sort de ma planète… ma petite planète avec ses mers, ses océans, ses yeux bleus.

La box du Boss s'étire dans l'avenue sous les clic et les clac des flash, sous les petits drapeaux des enfants qu'il bise électoralement, les enfants du firmament là haut tout en haut, pas les morveux des boueux qui vivent dans les feux du bas. Et dans les grands meeting tout près des étoiles, il rougit les lèvres des mamans. Le boss est en campagne et soigne son icône. Boss roule sa bosse, Boss bosse pour lui uniquement.

Le sort de ma planète entre tes mains j'ai peur. Et lui de répondre : laisse moi petit, laisse moi tu vois bien que je suis occupé, je n'ai pas le temps aujourd'hui reviens demain... tiens prends. Et l'enfant s'en va, dans sa main la photo du boss en campagne, dans sa main le slogan : pour un monde meilleur demain... et l'enfant sourit : demain ça lui va bien car demain c'est lui.

Mais le boss vend du vent : le souffle de ma chérie planète. L'enfant ne le sait pas. Il a confiance et demain, demain aussi car demain c'est lui... il ne sait pas que pour le boss c'est tout à l'heure, tout de suite,  pour épater la galerie, demain une promesse qui ne coûte rien, demain est une litanie, une formule magique sans lendemain mais l'enfant n'est pas dans l'agenda du boss pas plus que le monde et pas plus que le climat.

Le boss serre des mains et encore des mains, bizoute à tous crins pendant que l'on mazoute les mers pendant que l'on particule l'air, pendant qu'on se chauffe au carbone et l'enfant et demain main dans la main gambadent dans le vaste monde. Soudain ils s'arrêtent :

oh!

Là devant, dans ce futur qui nous est proche, se transforme en présent, le boss cabosse le monde et l'enfant crie :

Boss boss pourquoi tu casses ma planète.

Mais c'est pour ton bien, pour demain et pour toi mon enfant . Il faut lui apprendre à vivre, il faut lui apprendre qui est le boss sinon elle n'en fait qu'à sa tête. Tu cries, tu m'accuses mais mon petit je n'y suis pour rien, je suis moi-même étonné. Il faut bien vivre, il faut bien que les hommes vivent, mon enfant. Tu es trop jeune pour comprendre. Va jouer aux billes puis reviens quand tu seras grand...

L'enfant a grandi nourri aux mamelles du monde, bercé par les chants du Boss des media. Il contemple l’œuvre du grand homme... Le Grand Œuvre... Il s'est rangé, il a tranché...il s'est trempé dans le bain du boss.

Et demain reste là sur le bord du monde, bien triste, bien seul aussi sans l'enfant qui lui tient la main et demain, demain s'éteint tout doucement dans l'éclair d'un matin...

mardi 3 novembre 2015

La petite Suédoise

Les gens heureux sont silencieux, passent dans nos vies à pas de loup. Ils laissent au dessus de nos yeux un grand panache bleu qui traverse nos cieux. C'est la comète des gens heureux. Et tu sautes et tu lèves le bras comme l'enfant d'autrefois sur son cheval de bois.

Les gens heureux n'ont pas d'histoire, les gens heureux ne font pas d'histoires, les gens heureux ne font pas l'Histoire à coup de hache majuscule. C'est parce qu'on aime la guerre, le roulement du tonnerre, les grands débordements de colère.

Ça nous réconforte à nous les sans amour.

C'est parce qu'on aime les chose saignantes, les grands attachements qui nous collent au cœur comme un caramel mou s'agglutine à nos dents. Nous sommes si loin dans nos déserts de guerre, nos désirs de guerre, si loin de cette comète dont on ne voit que le bout du bout de la queue.

Les gens heureux ont une histoire avec une hache en minuscule. C'est pour tailler le bonheur en allumettes, en faire des boîtes que l'on donne aux petites suédoises, dans les rues froides, la nuit de notre grande fête, les rues froides des petites suédoises, le bonheur en boîte, boîtes d'amulettes pleine de lumière, pour nos petites suédoises qui s'appellent toutes Lucie, les jours sans lumière de Suède ou d'ailleurs.

Lucie aimait les allumettes qui crachent un instant de bonheur dans la flamme qui la brûle. Lucie a craqué toutes ses amulettes. Elle brûle maintenant dans une boîte de bois blanc. Lucy on the sky with diamonds.

Et les gens heureux demeurent silencieux et passent toujours dans nos vies à pas de loup.

lundi 2 novembre 2015

La montre

Sur la table, sa montre. Une montre donne l'heure, normalement. Celle ci devrait l'interroger puisque c'est sa fonction...à en croire la rondeur de ses lignes, elle avait non pas un mais une propriétaire... quoique, à la réflexion, elle avait un coté plutôt masculin, fait d'un métal brossé et lisse qui dégageait de la virilité dans l'épaisseur des aiguilles et l'arrondi était un peu trop massif pour une femme peut-être.

Le verre reflétait la lumière du dehors. Il y avait un peu de ciel, de feuillage et l'encoignure d'une fenêtre par où un soleil curieux mais discret se faufilait silencieusement tout en masquant partiellement les aiguilles.

Cette montre reflète le temps qu'il fait et me cache ses heures. En fait cacher n'est peut-être qu'un leurre parce que la coquine devait savoir que la meilleure façon de montrer est de dissimuler avec une légère maladresse feinte pour que l'observateur se rende compte du caractère étrange de la situation. Elle me donnait donc à voir une dimension de son temps sûrement. Il me restait à découvrir sa singularité.

Pourquoi cache-t-elle ses heures, pourquoi voudrait elle que je m'en préoccupe. Qu'est ce qui est à dire et qui ne le peut pas sinon par un détournement de sens : le temps dans son aspect climatique pour me crier le temps qui passe, ce temps qui nous file entre les doigts et que l'on émiette, fractionne sans pouvoir le maîtriser et plus on le découpe pour le retenir et plus il s'échappe à toute vitesse… ce temps qui se doit d'être productif toujours davantage avec la traque de ses moments morts ou qu'on considère comme tel parce qu'un rien s'y passe. Que veut-elle me montrer. Et si je me mettais un peu de biais pour tromper la vigilance de l'apparence, peut-être verrai-je le cœur des choses… un défaut du boitier, une maladie de son métal ?

Il faut que je l'ausculte… à l'oreille son cœur est faible, bat péniblement. Je comprends. Elle est épuisée. Le temps qu'elle compte l'essouffle trop pour qu'elle puisse en indiquer correctement le passage. Son temps ne passe plus que par petits jets compacts, très irrégulièrement. Elle a dû s'épuiser dans des courses folles, courir après les heures. J'entends d'ici la voix du poignet qui la porte : « je suis en retard, mon dieu que je suis en retard ». Il devait l'agiter sans cesse, la harceler continuellement, brusquer son mouvement délicat, sa belle horlogerie. Monsieur Je Suis En Retard a couru pour gagner du temps, parce que le temps c'est de l'argent.

Tiens c'est quoi ça…ce fil à peine visible accroché au bracelet… un duvet bleu gris, effiloché, terni… c'est plutôt bizarre. Il a l'air d'avoir bourlingué pas mal, d'avoir voyagé des jours durant, jour et nuit dans des zones noires comme un four ou un terrier… un duvet… comme un poil de lapin ! Un lapin avec une montre, ça se corse, ça se corse… quel lapin pourrait avoir besoin de lire l'heure… qui lui aurait appris – pas le chasseur bien sûr… quel lapin pourrait avoir besoin de lire l'heure au point de tuer le temps par des courses folles… sûrement pas celui de garenne, non, non il s'agit certainement d'un lapin d'affaire comme un homme d'affaire toujours à comptabiliser le temps irrationnel celui qui ne sert à rien, comprenez qui ne rapporte rien. Et si par malheur sa montre venait à perdre une fraction de seconde ce devait être le licenciement immédiat.

Je ne connais qu'un lapin susceptible de se comporter comme un homme mais celui là avait un gousset et la montre sur la table a un bracelet… mais depuis le temps qu'il dit qu'il est en retard, il a dû en massacrer des montres à gousset et Madame Je Suis En Retard lui aura conseillé une montre bracelet. Celle ci est fatiguée, trop remonté son mécanisme s'est usé, elle est bien vieille la pauvre et que fait-on de la vieillesse dans les affaires… La pauvre …et comme il n'y a pas de cotisations vieillesse chez les horloges...Pauvre petite vieille fragile tes heures sont comptées.

Finalement le mystère s'éclaircit. C'était la montre du lapin d'Alice… oui… d'Alice aux Pays des Merveilles, quel autre lapin pourrait se comporter comme un homme d'affaire ?