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jeudi 8 juin 2017

Nouveau monde

Là- bas vers l’orient
(Photo Xanthe- Sorbet (flickr) )
de nouveaux maîtres se lèvent.
Dans leur regard l’audace de la jeunesse,
demain leur fait de grandes promesses.

Ils campent sur leurs frontières face à face,
crient « nous sommes les nouveaux impétrants »
sur un océan qui n’a plus rien de pacifique,
refoulent vers l’ouest un monde qui s’incline.

Dans l’air, l’eau, sur la terre aussi,
des forces inconnues s’organisent
en troupes de cyclones, de raz de marais, de tsunami.
La menace vient des pôles, gonfle dans la fonte de leur glace.

Moi, à cheval sur les deux époques,
des guerres du passé je garde la trace ;
de l’aube nouvelle, je scrute la levée
au travers d’un regard à peine né.

Impuissant je me tais.
Je ne serai pas écouté, je sais.
Alors je contemple l’enfant et suis inquiet,
je me nourris de sa vitalité, et suis désespéré.

Son jour s’éclaire d’une lumière brisée
traversée d’infra rouge et d’ultra violet
soleil rasant la terre à toute vitesse,
ombres qui s’allongent, démesurées.

Lou je ne suis qu’un témoin désarmé
un grand-père sans sagesse
touché par ton innocente hardiesse.

Ton rire fuse par dessus mes années
et je vis par procuration, craintif et confiant
porté par la force de ton optimisme naissant.

Dans le silence et la fraîcheur de mon âge,
tout prés d’une fin dont j’aperçois la nuit,
grâce à toi, j’ai l’affront d’espérer.













vendredi 8 janvier 2016

Lettre de réclamation (2)

Monsieur,

j'ai bien reçu votre plainte en date du 1er janvier de cette nouvelle année. J'ai été très surpris voire même choqué par votre ton. Je vous rappelle que nous vous avions livré un produit en parfait état de fonctionnement avec un mode d'emploi précisant en caractères gras les conditions d'utilisation et notamment le danger que représentaient des émissions de carbone abusives. Vous n'en avez pas tenu compte. Mes collaborateurs vous ont avertis des risques encourus à maintes reprises, sans succès. Votre terre ne tourne plus rond ? Vous en êtes les seuls responsables. Il vous appartient donc de réparer les dégâts subis sans dédommagements de notre part.

Vous m'accusez également d'avoir mandaté quelques fous de Moi-Même, quelques miliciens à ma solde pour semer la zizanie au sein de votre communauté, vous allez jusqu'à affirmer que leurs exactions serviraient à couvrir nos erreurs dans la fabrication de votre jouet en fermant les yeux sur des actes sanguinaires en mon Nom. Il n'en ait rien et votre mauvaise foi comme la leur me désole. Il serait temps que vous preniez votre destin en main et que vous arrêtiez de dénoncer un soi-disant complot dont je serai l'instigateur.

Nous faisons notre travail au mieux et aussi scrupuleusement qu'il nous est possible. Vos accusations sont infondées et nous espérons mon équipe et moi même que vous vous rendrez à la raison très rapidement. Nous pourrons alors reprendre notre collaboration.

Avec nos salutations distinguées.

Dieu L'Hypothétique.


jeudi 7 janvier 2016

Réclamation

Monsieur,

Nous sommes le 1er janvier d'une nouvelle année et j'attends toujours. A mon réveil j'ai regardé par la fenêtre. J'avais enfin réussi à décoller mes paupières passablement engluées par une nuit de beuverie et m'étais débarrassé de ma gueule de bois d'ébène – pourquoi d'ébène  me direz vous? Pour vous faire mesurer l'intensité de notre désarroi en ce matin tout nouveau. J'ai scruté mon ciel mouillé d'une fine pluie froide et sinistre parce qu 'elle me rentre dans les os insidieusement la perverse et me plonge dans son monde de pleureuse.

J'attends toujours monsieur ce que tout le monde souhaite, ce qui fera de cette année maussade, une bijou de gaieté et de joie : de l'humain, monsieur. Oui, humain de humus, la terre où l'on a soufflé une âme paraît-il et il paraît même que nous serions des petits privilégiés parce que les seuls à en avoir une. Imaginez donc ma joie quand j'ai reçu vers minuit mon lot de bonne et heureuse année. J'y croyais dur comme fer. Pourquoi cette année plutôt qu'une autre ? Parce que pardi, un point c'est tout. Parce que je dois avoir la mémoire courte. J'ai dû penser pareil tous les 1er janvier. La première fois remonte quand ado je vous parlais déjà de mes doutes - ça me revient un peu quand même mais vous ne vous rappelez pas bien sûr de ce garçon boutonneux désemparé par une voix pas encore totalement muée et doutant de tout, même de la réalité de son ombre. Il vous demandait un peu de considération et de compassion pour adoucir son acné rougeoyante, un peu de compréhension face à ce monde qui lui semblait déjà brinquebalant.
Aujourd'hui encore je réitère mes réclamations. Chez vous le SAV n'est pas terrible. Sûr de la légitimité de ma requête, je m'attendais à un changement radical et cela immédiatement, sans délai et plus vite que ça encore et pourtant je me méfie des promesses qui n'engagent que ceux qui etc, etc... Vous avez saisi, je pense, l'objet de la présente – comme on dit dans tous les manuels de savoir écrire. Je me plains par anticipation, par expérience aussi . J'ai attendu, attendu et rien ne changeait vraiment sinon la naissance de quelques rides rajoutées aux précédentes.

Bref je revendique du bon, du nouveau , du généreux, de l'amour, de la beauté, de la grâce, du beau temps, des hommes responsables, une terre heureuse, un monde qui marche comme il faut sur ses deux jambes, tourne rond si vous préférez et cette fois ci pas d'entourloupes je vous prie. Rappelez vous, je vous avais fait les mêmes remarques l'année dernière mais vous ne m'avez pas écouté. On voit le résultat. Pas la peine de vous faire un dessin ni de lister toutes les embardées de la machine.

Vous nous livrez une terre en bon état de marche, dites vous avec de belles saisons, un petit climat auquel on s'est habitué depuis des siècles et soudain vous changez ça, vous vous dites tiens si je leur envoyais un petit réchauffement climatique juste pour voir, pour les dix mille ans à venir comme ça sans nous avertir ou si peu. Je vous soupçonne même de vous marrer en douce. Et quand on vous rétorque : vous avez vu le résultat, les ours blancs, la banquise les inuits, vous répondez : contactez notre SAV. J'ai contacté votre SAV et je ne suis pas content du tout de sa réponse : « nous avons analysé le dysfonctionnement que vous nous avez signalé, mais nous n'avons malheureusement pas pu conclure à un défaut de fabrication. Le problème provient d'une erreur de manipulation qui vous incombe ». Alors là je n'ai pas du tout apprécié. Il fallait construire plus solide, et puis la garantie n'est pas terminée alors qu'est ce que ça vous coûte de me changer ce tas de terre qui hoquette. On me rétorque : c'est de votre faute vous avez abusé du carbone, vous avez bouffé du charbon, du pétrole jusqu'à plus soif. Consultez le mode d'emploi. Nous n'y pouvons rien et il ne peut y avoir d'échange car vous n'avez pas utilisé l'appareil correctement ni suivi nos recommandations malgré nos nombreuses mises en garde etc. C'est proprement scandaleux. J'ai payé pour la bonne marche d'un produit et j'exige qu'on me le remplace. Faites quelque chose vous qui êtes le patron.

Puis je vous signale aussi que certaines de vos créatures humaines se sont très mal comportées l'année déjà dernière, suivez mon regard : Paris le Bataclan par exemple. Ça me fait de la peine, je suis déçu. Je croyais sincèrement en vous j'étais même prêt à me damner pour vous et vous, vous avez fait preuve d'une mauvaise foi ridicule en nous balançant des illuminés qui se réclament de votre groupe. Ils sont de plus en plus nombreux et d'obédiences diverses, tous aussi allumés les uns que les autres et moi ça me gâche ma nouvelle année – à moins que ce ne soit le champagne... Il va falloir vous retrousser les manches et dare- dare.

D'accord je reconnais que nous les humains sommes de grands enfants, on n'a pas trop ménagé notre jouet mais à notre décharge qu'est ce que vous avez fait pour nous en empêcher ? Vous vous êtes peut être exprimé à travers la bouche de vos subalternes, vous nous avez fait part d'un certain mécontentement, qu'il fallait revoir notre façon de jouer, être plus respectueux de nos affaires, plus soigneux, plus ordonnés aussi. Paroles, paroles pieuses mais sans effet vous vous en rendez bien compte. Vos mises en garde n'ont servi en rien. Quand je dis VOS mises en garde, ce sont plutôt celles de vos franchisés pas toujours très crédibles d'ailleurs – il n'y a qu'a voir leur mode de vie, leurs petits penchants de travers. Vous avez un an pour me convaincre. C'est plus qu'il n'en faut pour un guide aussi puissant que vous. Il vous suffit de vouloir. Je veux encore croire en vous.

Avec tous mes vœux de réussite pour le projet que nous avons en commun.

Un homme encore confiant et qui met tout ses espoirs en vous.

Janvier de n'importe quelle année.

mercredi 6 janvier 2016

nuits noires

Il regarde par dessus les eaux,
convoite un horizon nouveau,
rêve d'empire, d'or et de domination.
Il s'arme, s'envole, appareille, pilonne,
il atterrit, accoste puis arraisonne
Il envahit et dévaste sans rémission,
Il occupe, exploite, réquisitionne.

Il désire, dévore, détruit, déchire
arrache, arase, abat, assassine
puis se détourne des terres qu'il a brûlées,
des océans qu'il a vidés,
des montagnes qu'il a rasées,
des plaines qu'il a épuisées.

Il vole et viole, jusqu'à rendre folles
celles qui pourraient être ses soeurs,
il torture et broie insensible à leurs pleurs
ceux qui pourraient être ses frères.
Il séduit ou soudoie, conspire et noie
trahit le sourire aux lèvres.

Trois petits tours trois petites morts puis s'en va
laissant derrière lui silence et vide,
des nuits, noires où sonne le glas,
blanches pour ceux qui lui survivent.

Toi tu cries c'est un blanc,
il a les yeux bleus des mers qu'il a dévastées,
des mains faites pour serrer et nous étrangler
Il n'aime que l'argent
Blanc c'est un homme blanc,
il asservit colonise vend
organise le monde à sa main,
assoie sa puissance sur nos reins,
de nos peaux de couleur il ne laissera rien
Trois petits tours et puis s'en va,
Trois petits tours et puis voilà.

Blanc, c'est un homme blanc
mais comme toi homme
toi qui approches la haine
et voudrait sa mort prochaine
tu attends son heure et quand il faiblira
tu t'avanceras, tu l'achèveras, tu te vengeras
pour toutes les guerres que tu as perdues,
pour toutes les tortures dont tu as souffert.

Quand il sera perdu, que tu l'auras vaincu,
asservi, avili, acheté, accablé,
quand tu auras vidé les mers et les terres,
que tu auras rasé l'ultime montagne,
anéanti la dernière campagne,
il dira : tu es blanc,
tes yeux ont le bleu des mers que tu as mises à sang.
Quand il n'y aura pour nous qu'une nuit noire
noire de notre désespoir,
il se soumettra, te servira, attendra
il attendra et quand tu faibliras...

vendredi 6 novembre 2015

Boss



photo Antoine Pennacino
Dans le téléphone du Boss le gratin du monde, sur son envers les gens du bas qui vivent au ras du trottoir. Coté clair le pur qui monte parce qu'il est plus léger que l'air débarrassé des tracas du bas. Coté obscur, l'impur prisonnier de la glaise parce qu'il mange trop de gras. Tout en haut invisible d'en bas tellement c'est haut, les arcanes du Boss.

Toujours la même rengaine. Le veau et son or, comme dirait mon ami Moïse, sont toujours la crème de la crème, font toujours le délices des palais et moi d'ajouter le veau et ses media duo gagnant sur tous les écrans, les images qu'on adore, l'or qui nous rend fou et la fuite en avant parce que derrière il y a quelque chose qui nous court après et ça nous effraie, alors on se réfugie dans l'agenda du boss, notre château fort et lui notre seigneur. Que Dieu et ses vassaux nous protègent, amen. L'avenir de ma planète dans l'annuaire du boss où se logent gratos les z'homs z'importants n'est ce pas. Allô allô, allô ! Mais personne ne répond.

l'univers du boss l'agenda du boss, l'annuaire du boss. Mais boss n'a pas la bouille d'un ange. Il ne sait pas, dit- on qui saccage la planète, moi je dis : il s'en fout dans sa bulle de boss, notre jardinier cultive son pouvoir, se soûle à coups de téléphone, de galas, de cocktails quand d'autres s'essaient à planter tomates et radis, bio s'il vous plaît. Le Boss fait le coq. Le boss s'amène dans sa box à rallonges. Elle a plus de portes que d'habitants, c'est là qu'il vit très loin de la base le boss avec son téléphone et dedans le sort de ma planète… ma petite planète avec ses mers, ses océans, ses yeux bleus.

La box du Boss s'étire dans l'avenue sous les clic et les clac des flash, sous les petits drapeaux des enfants qu'il bise électoralement, les enfants du firmament là haut tout en haut, pas les morveux des boueux qui vivent dans les feux du bas. Et dans les grands meeting tout près des étoiles, il rougit les lèvres des mamans. Le boss est en campagne et soigne son icône. Boss roule sa bosse, Boss bosse pour lui uniquement.

Le sort de ma planète entre tes mains j'ai peur. Et lui de répondre : laisse moi petit, laisse moi tu vois bien que je suis occupé, je n'ai pas le temps aujourd'hui reviens demain... tiens prends. Et l'enfant s'en va, dans sa main la photo du boss en campagne, dans sa main le slogan : pour un monde meilleur demain... et l'enfant sourit : demain ça lui va bien car demain c'est lui.

Mais le boss vend du vent : le souffle de ma chérie planète. L'enfant ne le sait pas. Il a confiance et demain, demain aussi car demain c'est lui... il ne sait pas que pour le boss c'est tout à l'heure, tout de suite,  pour épater la galerie, demain une promesse qui ne coûte rien, demain est une litanie, une formule magique sans lendemain mais l'enfant n'est pas dans l'agenda du boss pas plus que le monde et pas plus que le climat.

Le boss serre des mains et encore des mains, bizoute à tous crins pendant que l'on mazoute les mers pendant que l'on particule l'air, pendant qu'on se chauffe au carbone et l'enfant et demain main dans la main gambadent dans le vaste monde. Soudain ils s'arrêtent :

oh!

Là devant, dans ce futur qui nous est proche, se transforme en présent, le boss cabosse le monde et l'enfant crie :

Boss boss pourquoi tu casses ma planète.

Mais c'est pour ton bien, pour demain et pour toi mon enfant . Il faut lui apprendre à vivre, il faut lui apprendre qui est le boss sinon elle n'en fait qu'à sa tête. Tu cries, tu m'accuses mais mon petit je n'y suis pour rien, je suis moi-même étonné. Il faut bien vivre, il faut bien que les hommes vivent, mon enfant. Tu es trop jeune pour comprendre. Va jouer aux billes puis reviens quand tu seras grand...

L'enfant a grandi nourri aux mamelles du monde, bercé par les chants du Boss des media. Il contemple l’œuvre du grand homme... Le Grand Œuvre... Il s'est rangé, il a tranché...il s'est trempé dans le bain du boss.

Et demain reste là sur le bord du monde, bien triste, bien seul aussi sans l'enfant qui lui tient la main et demain, demain s'éteint tout doucement dans l'éclair d'un matin...

mercredi 23 septembre 2015

Politiquement correct

Ne dis pas
Ne dis pas chat pour chat
Ne dis pas
ne dis pas trop tard,
ne dis pas impossible
ne dis pas noir
ne dis pas contagion, épidémie
ne dis pas ne dis surtout pas demain
ne dis pas on n'y peut rien
ne dis pas immigrés, ne dis pas raciste.
Ces mots sont malades mais tu ne le vois pas et tu insistes lourdement.

-Ces gens qui sont dans l'eau ?
Des baigneurs, des surfeurs...
-Qui nagent tout habillés, apparaissent disparaissent, apparaissent, qu'on ne voit plus du tout ?
Des amuseurs c'est tout...


- Ces gens qui passent les frontières en masse ?
- Randonneurs, voyageurs hors des sentiers battus.
- Et ces barbelés ces murs entre eux et nous ?
- Labyrinthes, parcours de santé...

Ces mots sont malades et tu répètes, répètes, tu rabâches : pollution, réduction, contention, migrations...
ré-vo-lu-tion...

ces mots sont malades,
il faut les écarter, les mettre, en quarantaine, en camp de réfugiés ou bien les repousser,
il faut cacher ces maux que je ne saurais voir.

Distrayez moi, parlez moi d'amour dites moi des choses sirupeuses des choses qui collent à mes doigts...sentent bon la rose sur son fumier...
soit : on n'engraisse pas les cochons à l'eau claire soit, mais je ne veux pas voir le lisier qui me nourrit.

Sécurité, surveillance, malveillance,
montez le son je ne veux pas entendre,
de la musique dans tous les rayons,
acheter, acheter pour combler le vide entre les mots,
parler, parler logorrhée, log-errer, débiter,
mais surtout évacuer le silence où l'on pense,
expulser nos idées,
exposer nos rires forcés,

les mots sont malades de nos peurs.

Sauvez moi en douceur, ne faites pas mon malheur,
laissez moi vivre dans ma matrice,
mes bulles de savon,
mes petits plats amoureusement bichonnés,
mes jardins potagers
ou mes comment-dois-je-faire,
mes astuces mes tours de main.

Demain sera bien assez tôt,
demain arrive bien vite,
demain arrive trop vite,
vivons dans le présent, l'instant qui nous est programmé.

-Du calme monsieur, du calme madame, l'amour est dans nos prés , dans la rosée préservée, dans ce prochain qui ne m'est pas tout à fait familier, mon voisin de palier, ce jeune et sa musique... et si ce n'est pas de l'amour ce sera de la rage...
il faut choisir.

Tous droits réservés JCarayon.
Photos JPSorgue