vendredi 25 mars 2016

Ce jour là

J'te le dis ou plutôt j'te le gueule, j'te l'envoie bien gras.

Ce jeudi est le choix d'la brasse coulée quand dans ma matière inondable j'ai vu passer l'moineau. Il a sa plum' gorgée d'eau il a son chant des jours d'printemps. Bell'figure l'oiseau dans ton plumage tiré à quat' duvets, belle allure le moineau dans tes trilles d'apparât.

Et puis paf t'as poussé ton râle avec l'accent des faubourgs. Dans ton sang de piaf i coulait un chant d'nobless un sang rouge et noir à la couleur des trottoirs, mon oiseau.

Quand j't'ai aperçu l'aut'jour qu'i pleuvait avec dans ton bec l'amer des mauvais' fêtes j'ai tout d'suite pigé qu't'avais chaviré dans quelques houles à plumes blanches. Ell' a dû t'fair' tourner dans son vent com'un moussaillon déboussolé et tu t'pointes ici dans le faubourg où qu't'es né y a bien longtemps et tu penses qu'tu pourras recharger tes accus à l'abri des souvenances, mon bel ange. Et tu chiales dans tes plumes mais c'est, tu dis qu'un rhume des foins. Où qu't'en vois par ici de l'herbe à vache y a qu'à la porte du choucas qu't'en trouveras et elle est pas pour les vaches celle là. Ell' te fera gamberger sans billet flotter dans ton malheur sans douleur, tu nous r'viendras la fleur au bec aussi sec, foi de roitelet et j'm'y connais en aventure d'amoureuses.

Ta majesté le p'tit roi c'que t'es laid, t'as la plume en lys et le coeur en couronne d'or mais je viens pas pour l'désamour, j'viens pour un bien plus grand malheur, j'viens pour une douleur d'hom' qui rend fou les oiseaux dans Panam ou Brussel ce temps dernier et d'aut'contrées encor dont j'connais pas l'blaze. De drôl de nazes avec la croyanc' dans les ailes et l'goût du sang dans l'bec. Pointu l'bec comme un fer d'lance. J'sens encor sa douleur dans la chair des siècles, j'me souviens. Ce jour l'humain sentait la poudre et la mort, sans remord il s'est planté dans les bras d'un grand guignol à quat sous genr dabouh mais pas d'là bas s'tu was c'que ça planque dans son sous sol. Genr' Grand Guignol Roi des z'homs. Ces planeurs ont filé à tir' d'aigles, dans la cage à oiseau ont tenaillé la peau, dégommé la chair, éventré les murs.

Des sèm'la mort qui mérit pas l'nom d'la race.

J'ai vu dans leur plume un rouge tâcher leur costume de manches.

Faux qu'du faux dans leur chant vers qui qu'ce soit qui tient les becs là haut.

jeudi 24 mars 2016

Vivre

La vie grasse sur ma crasse,
la vie crisse et glisse sur l'asphalte,
la vie à pleines dents jusqu'à cisailler son fil,
la vie faut se la couler en coussins ouatés,
se la calfeutrer, se la protéger
parce qu'il y a dans son ventre
l'arrondi d'un espoir à naître,
à n'être que la main après la main,
une passade,
fulgurante passe.

La vie casse mes doutes,
arrache mes désamours,
la vie glisse son rire
sur tous mes pelages mouillés
dans mes rêves d'enfant,
la vie qu'on traque,
la vie qu'on braque,
qu'on triture sur le bitume,
la vie qu'on noie dans son chagrin,
qu'on perd dans un océan de drames,
qu'on brûle par tous les bouts.

La vie brute brutale
sur qui on bute à chaque pas,
la vie qu'on accroche à nos rêves
sans trêve et sans relâche
qui se donne sans retour à l’œil
qui la porte sur sa rétine.

Vivre jusqu'à l'usure des jours,
jusqu'à la nuit,
jusqu'à l'apaisement,
vivre rouge de nos essoufflements.

Vivre enfin
parce qu'on ne peut pas faire autrement.

Mais vivre bordel.

lundi 21 mars 2016

Torpille

Photo Kyra Kendall

Que tu marches ou que tu danses,
tes hanches que tu déhanches
défient le mâle en manque.

Il a la faim dans le ventre.

A l'affût il affûte son rut,
et il lance sur tes trousses
des yeux qui te détroussent.

Il a le feu dans sa cambuse.

Déjà l'ardeur de son soleil
qui n'est pas l'astre des cieux
ardemment ronge son essieu.

Il a la teub qui s'éveille

Monsieur, monsieur, allons, monsieur
sous ces cieux sourcilleux
sachez garder tête froide.

Il a tes reins sur'l'bout des doigts

Mais tes jambes longues longues jambes
s'étirent dans la musique.

SOLOooo

Bave ta zik, file ton flow
dégain' ton gun dégueul' tes riffs
lâche ta vie oh lance ton cri.

Elle a la soif à fleur de peau

Johnny griffe, vide ton slam
tire le son, crach'ton solo
Johnny Johnny joue ta flamme

Elle a le move sous le capot


Allo, mollo, mollo de l'air!
Ceci n'est qu'un jeu de jambes
dans l'air d'un rock, jeux de rampe.

Elle a sa faim en bandoulière


Mais le rouge inonde ses yeux
mais la chaleur se fait vapeur
attise le soldat du feu.

Il est l'incendiaire sapeur !

Il a chaud et rien ne se passe
que la canicule n'écrase
et la moindre de ses raideurs,

s'évapore dans la torpeur.

Rideur, ton solo s'étrangle,
Rideur t'extirpe ta fureur
le long d'ses jambes en sueur.

Elle gimmick  mais lui sans beat.

jeudi 10 mars 2016

La complainte du vieil âne

Vieillard à tête chenu, vieille tête penchante broute l'air de son chant et lorgne par dessus sa clôture les braiments affirmés des jeunes mâles en parade. Vieil âne au pelage fripé sous les coups répétés des années s'attriste quand par le truchement cruel d'un regard de femme, il croise son reflet que caricature la pupille d'une dame. Il baisse la tête, accepte l'ironie d'un sort en habit de drame et se tait. Une larme et de l'encre sur une feuille aussi blanche que sa chevelure noircit en quelques écritures la candeur du papier. Et le vieil animal enfante d'un désespoir que personne ne lira parce qu'on ne fait pas du neuf avec du vieux. Un vieillard qui donne dans le vieil art poussiéreux, ce n'est pas sérieux. 

Il s'en alla errant dans le champ de sa plainte, espérait trouver une quelconque once de douceur auprès de sa compagne aux belles couleurs encore , lui offrit la chair de sa poésie. Il n'y trouva que rancoeur et mélancolie au mieux une indifférence accompagnée de reproches pour son manque d'attention. Tu pourrais me dire que je suis belle, me faire un compliment pour ma nouvelle coiffure mais tu ne dis rien. Cohabitons mon cher dans la sagesse d'une résignation bien comprise. Le compagnon malmené usé par l'afflux des rejets profita d'une distraction du fermier et s'évada d'une prison qui avait perdu ses dorures. Il s'enfuit sur des sentiers de ronces pour s'enfoncer dans les terres de l'oubli et de la solitude. On ne le revit jamais et l'absence de son braiment pour soutenir celui de sa compagne fit de ce chant un fado mal égrené. 

lundi 7 mars 2016

Sois la bienvenue.



Il fait nuit. Trop de silence autour de son lit. Il branche sa musique. Il est seul avec la voix du chant qui scande dans sa tête quelques notes auxquelles les mots s'accrochent. Il rêve de corps, de chaleur, d'être un plus une. Il vibre dans le cri du slam. Il entend : vivre avec dans le mot la force d'une conviction.
Mais il se résigne.
- Vivre à l'heure où l'on pèse le bon contre le médiocre, le bonheur au crédit et son contraire en débit. 

Ce que dit le slam

- Et si la balance penchait coté défi?

Il écoute et se demande ce qui existe pour lui dans la lumière frêle de sa liseuse et quelle vie s'y déploie. Un fauteuil son coussin, un bureau un clic-clac, quelques livres sur une étagère, et la nuit puis son silence.Tous attendent le baiser de la princesse pour applaudir. Rien ne vient ni de son intérieur ni de son proche extérieur.

Et la voix baignée de mélodie psalmodie :

-  Souris 
Sourire. J'aimerais

- J'aimerais, expression d'un souhait mais il n'y a pas de fée entre tes murs pour l’exaucer. Pas de fée, que des comptes à rendre, quand tout se défait. Alors cherche une autre issue dans ce qui suit le terme d'une vie. Cherche une lumière, une trouée de ciel dans le fond du tunnel . Espère.

- Je veux vivre à plein. Vivre et non vivoter, boire et non siroter. vivre mais pas en vain. Je voudrais...

- Voudrais dis-tu mais déjà tu capitules. A qui demandes tu la permission ? Tu es le vaincu, où est ton vainqueur ? Pas de renonciation. Cherche, sors de ton trou, jette tes écouteurs, écoute la musique dans l'air et le vent. Respire l'embrun, tend la joue au bonheur qui te gifle, fais sauter tes verrous.

- Son visage salue la vie. Elle vient juste de naître, s'en fait déjà une fête, elle rit.

- Elle te regarde, plante ses yeux neufs dans ton œil désabusé. Elle est confiante, elle attend dévore. Tant d'appétit dans une jeune vie. Tu la vois tu la questionnes tu lui parles d'une voix qui joue sur le ton de la légèreté, elle te prend au pied de l'être, tu dois te remplir des accents de la gaieté, surjouer le bonheur, protéger sa vigueur …

- Dedans je souffre, dedans je doute, dedans je hais ma bouche qui se fend quand de mon for intérieur je le défends. Dedans à l'envers du dehors de l'autre coté du décor, sous le masque du clown ma tristesse face à elle qui ne joue pas une fausse liesse. Elle rit dans nos bras, entre dans notre ronde pas très ronde autour de ce nouveau monde . Elle, existe de nos mains, à peine blottie déjà rebondit, suit la courbure de son temps. Elle. Que pense-t-elle. Que penser d'elle. Que penser pour elle.

-Trembler parce que demain n'a pas la couleur d'un rire ? Elle, elle par qui tu accroches la lumière, devient corps constitué, histoire qui va se construire à plusieurs voix.