vendredi 12 juin 2015

Tigres de papier




Je joue l'eau, la forêt, je joue les arbres et les animaux, je joue la fleur que le printemps ravivera, je joue la douceur de mon climat. Je mise sur la vie et sur la mort aussi, je joue avec la vie, je joue, je me joue de tout.

J'achète du sourire, du fer, du poumon, du cuivre, des corps, des bras. Je prends je vends des hommes, des terres,de l'eau, de l'air, du vent.

Je prends.

Combien pour le risque, le dommage, les ravages, combien pour fermer les yeux, combien pour la vie des uns et la mort des autres.

Jouer pour le vertige du gain immédiat, pour un peu plus de monnaie, de verts tigres de papier qui effeuillent nos arbres plus fort que l'hiver. Vert de l'illusion, produit de la terre, papier contre nature, contre partie de ce que j'engage mais qui ne m'appartient pas.

Dans les coulisses de nos marchés, les tigres de papier, l'envers des sourires rassurants qui me parlent sur un ton joliment dit poli, la vibration d'une langue qui ruine nos âmes comme science sans conscience. 

Je joue je mise j'amasse ou je perds sur ce grand tapis vert où ma roulette est une terre bleue dans son univers silencieux.

Texte, © Joël Carayon

lundi 8 juin 2015

Tabou

Tabou
photo patrick giordano
...ta boule ta boule de nerfs tanguera entre le jour et la nuit tant que tant que le temps, temps livresque, tant que ta fresque, ta presque ivresse ne se sera brisée sur la lame du tabou, tant qu'elle ne priera éprise d'un regret, un regret d'absolu, regret d'absolution. Ta solution n'est pas dans le regret, l'absolution n'est pas dans le secret, la mise au secret de ta faute. Avoue. Ta boule de pêchers – noyau dense danse sur le tabou, dans ce tas de boue où ta boule de nerfs, pelote de secrets recrée à la craie l'âcre poison que le sacré souillé injectera dans ta joue qui bout sous le feu de l'acte.
Et sa chair sous tes doigts, sa chair pas cher payée pour l'outrage endurée, l'outrage sans âge, l'outre passé par où l'homme sans foi ni voix se crèvera les yeux face à sa vérité. Le mâle mal, le mâle en proie à son désir s'aveugle s'acharne sa chair contre sa chair, trop chère trop trop chère mère trop cher le prix à payer pour ta chair tabou. Le prix du mal. Le mâle ne sait pas, le mâle ne veut pas, ni connaître ni reconnaître l'offense.
Trop chère mère : n'être que chair de femme pour le mâle désir d'un fils, mâle défi du dieu, dieu le père, paire fils et père, fils et mère impères et manque, manque de loi et le sang du père sur ta main sur ta peau, et la boue, la boue sur tes mains, boue tabou qui dénonce ton crime de chair. Et la chair insiste, un geste inceste. Le mal est fils, mâle erre, les yeux brûlés au feu de mille et un regrets.

Texte, © Joël Carayon

mardi 2 juin 2015

Fatalement

Je ne m'appelle pas Ulysse mais je viens de pays voisins animé du désir profond de trouver une nouvelle terre pour les miens. Je navigue sur les mêmes routes que lui à quelques siècles d'intervalles. Il cherchait sa Pénélope et son Ithaque moi je quitte ce que j'aimais, ma ville, ma musique, mes parents poussé par l'avancée des sanguinaires et si je traverse le flot de tous les dangers derrière mes guides que la vie humaine indiffère c'est pour m'arrêter auprès de toi vieille Europe que tu le veuilles ou non. Tu n'as pas plus le choix que moi.

Que la mer nous porte ou nous engloutisse nous viendrons. Et si tu nous repousses nous repasserons. Nous naviguons dans les cales et sur les ponts de vieux cercueils en métal rouillés nous sommes des centaines à chaque traversée dans les yeux la crainte et l'espoir. Fatalement nous venons dans vos villes dans vos rues sur vos yeux posés comme des mendiants fatalement nous nous déversons de vagues en vagues, écume blanche et rouge à la fois, fatalement nous nous mélangerons à vous fatalement, fatalement.

lundi 1 juin 2015

Eclats de rire

https://www.facebook.com/pages/Collection-de-bonheurs-et-déclats-de-rire
Quatre pintes de rire au levez ça vous sonne ça vous résonne dans les oreilles ça vous met en liesse,

Quatre pintes de rire au p'tit dèj et allez de l'ivresse au réveil et dans ce clair matin un air pareil au soleil.

Riez riez contre les lèvres de vos amis jusqu'à la contagion et surtout ne vous vaccinez pas, virez, virez, riez, rêvez en rire jusqu'à vous en faire éclater la gorge.

Riez riez viralement riez, au nez, à la barbe, au pire sous riez, déposez des collets sur vos chemins de tristesse, étranglez vos sanglots, mort aux idées noires.

Rire re rire et rire encore, jusqu'à la cime, au nirvana. Rire rire à décaper la nuit, faire briller la vie.

Rire blanc, rir'étoil' et sonner de rire, brailler jusqu'à l'étouffement, faire trembler le sort.

Texte, © Joël Carayon