lundi 27 juillet 2015

Cause, because

Qu'est qu'il dit à la radio ?...
Madinin-art.net
Qu'es' i dit dans le poste ?...
Cause ?...
Cause du peuple ? ...
La cause du peuple ? ...
Bin quoi le peuple, 
qu'es' il a fait encore le peuple ? ...

Aaah... la cause du peuple !
Défendre le peuple,
la révolution,
les ouvriers,
éradiquer la pauvreté !

Bin oui tiens !
Cause
la cause du peuple...
Cause toujours, oui !

Texte, © Joël Carayon

mardi 21 juillet 2015

Estivales


Remi Dugoua
La ligne de nos vies se courbe dans le soir.
Coups d’œil sur le couchant, regards dans le soleil,
eau turquoise marbrée des ardeurs solaires.
Les rides d'une eau limpide glissent-perlent,
hâlent des peaux offertes à la promesse
d'une fraîcheur renouvelée
et les corps assoiffés s'ouvrent aux boissons colorées
sous la pression intrusive d'une chaleur lourde.

La peau, le corps, ses sens, son désir s'inclinent,
s'abandonnent aux caresses indiscrètes
de cette sans gêne aux brûlures équivoques,
rougeurs emmêlées de soupirs.

Un chant de mer pour tempérer les coups du chaud
et sous tes paupières, l'étrange paresse
après l'offrande au soleil,
sur tes hanches, le chatoiement discret d'une eau
que blanchit la vague,
sur tes yeux la trace d'un rêve,
l'ombre d'une saveur assouvie,
sur tes lèvres, le goût encore vivace d'un enchantement...

Pourquoi ces lignes précieuses et ridicules : la saveur du soir, le sel sur sa bouche, les rougeurs sur le blanc ? Elle te plaît, elle est belle, elle s'offre au soleil et ça te rend jaloux. Il faut faire quelque chose, dis-lui que tu seras aussi transparent que cette goutte sur son bras ( on commence toujours par le bras) même si ta main se glisse entre elle et la lumière solaire pour se fondre dans une caresse chaude. Dis-lui, ou plutôt mets l'âme de ta main sur elle, son ombre que ton soleil complice découpe, l'ombre qu'il conduit jusqu'à son dos, le double de ta main sur sa taille, et dans son demi sommeil... le frémissement enjoué d'une pensée entre le royaume du contour et son frère de lumière pour un désir né d'une obscure origine.

Elle frissonne, soupire, lève des yeux lourds vers la lumière, jauge la profondeur d'une plénitude, s'interroge sur cette soudaine langueur au soir naissant, mesure la distance qui la sépare de cette eau limpide dont le chant discret l'attire...

Il y a dans cette silhouette d'homme là bas comme une familiarité onctueuse qui me remplit d'une douceur liquide pense-t-elle.

C'est un bon début n'est-ce-pas, un bon début seulement, ta voix maintenant pour le domaine de son corps.

Texte, © Joël Carayon

mardi 14 juillet 2015

Dix ans de moins







- Sandrine tu viens ?… Sandrine, c'est ma fille… mon trésor… elle est belle. Là je l'appelle parce que je voudrais qu'elle vienne avec moi faire les courses… j'aime bien faire les courses avec elle. On se promène dans les rayons bras dessus bras dessous, on rit, on plaisante, on se moque des autres. Oh l'autre jour. Il y avait une vieille femme au rayon « vêtements », toute fripée, y avait pas de place pour une ride de plus sur son visage. Sandrine m'attrape par le bras, me tire vers elle et me murmure au creux de l'oreille dans une pinte de rire : maman… mam'… regarde la vieille… celle qui est dans les tee shirts… si on lui offrait un fer à repasser…j'ai pas compris tout de suite… bin oui, elle est toute plissée…Et là j'ai éclaté de rire à deux pas de la vieille, on a ri on a ri et on est vite allé aux toilettes… en courant…. Oh la la. Qu'est ce qu'on a ri, hein... Sandrine, Sandrine tu viens ? Il faut qu'on parte, on a juste deux heures devant nous...on se ressemble beaucoup elle et moi.
- Oui, on se ressemble beaucoup maman et moi, on n'a pas besoin de se parler longuement, il suffit d'un regard entre nous et on se comprend tout de suite. C'est magique !
- Dans la rue les gens nous prennent pour des jumelles…
- Maman tu me laisses conduire ? Stp !
- Eh oui conduite accompagnée. Elle se débrouille bien, je suis sûre qu'elle aura son permis du premier coup.
- Vous allez où ?
- On va au super du coin, tu connais ?
- Je peux venir ?
- Allez on t'embarque… on te met derrière, t'auras assez de place ?… je plaisante… T'es pas si grosse que ça, allez monte…

Qui je suis moi ? Moi je suis la narratrice, celle par qui on voit, on entend, celle par qui l'histoire arrive. Elles me connaissent toutes les deux. On se côtoie. Mais ce jour là… Oui l'histoire ? Vous voulez savoir ? C'est étrange n'est ce pas deux femmes aussi belles et sympathiques. Mais bon deux femmes…. Deux furies je vous assure.

On est donc arrivé au super. Le genre NG vous voyez. Un beau magasin, plutôt chic à l'atmosphère feutrée…de la lumière,des rayons, des vêtements. Mes deux siamoises se promenaient entre les gondoles, entrelacées. Impossible de les séparer. Elles flânaient, le regard blasé, soulevaient un tee shirt, essayaient une robe. Elles erraient, bavardaient entre elles, riaient. Moi ? Je n'existais pas puis je commençais à m'impatienter. Pensez donc je devais repartir avec elles…sinon pas d'histoire n'est ce pas ? De cabine d'essayage en cabine d'essayage , le caddy se remplissait.
- Bin dis donc, elles ont les moyens !

Ça c'est moi qui pense tout haut sans m'en rendre compte et ça me joue des tours. Impensable ! Tiens l'autre jour… L'histoire oui, oui, j'y reviens.

Bref de flâneries en errements, elles – je devrais dire nous parce que moi je suis derrière comme un caniche, nous voilà au rayon « beauté », rouges à lèvres à gogo, fards en veux tu en voilà, fonds de teints à profusion du plus mat au plus blafard… le paradis des narcisses, même si narcisse était un mec.

Bof je me laisse tenter ? J'ai rien d'autre à faire que d'être témoin intime d'une fusion mère-fille à chaud… Allez, si j'essayais le stylo qui gomme les rides, dix ans de moins d'un coup de crayon… ne rêve pas madame, te laisse pas entourlouper…. Un p'tit coup sur la paupière droite…pour voir… Où est le miroir ? Ah… Eh ! Ça fait une différence quand même… J'ai l'air d'avoir dix ans de moins de ce côté ci… allez le côté gauche maintenant… dix plus dix égalent vingt, vingt ans de moins… Ah ah, si ça pouvait être vrai ! Je vais aller me montrer aux deux inséparables.

- Eh les filles !
Les filles, ce sont Sandrine et sa mère vous l'aurez compris.

- Les filles !

- T'as vu maman ce qu'elle a fait ?

- Qu'est ce qu'elle a fait ?

Bin qu'est ce qu'elle a la Sandrine ? Pourquoi elle prend cet air si ahuri. Je ressemble à rien ou quoi ? Ça a l'air de l'énerver que je rajeunisse.

- Mais regarde maman ! Regarde ses yeux !

Bin oui tiens je fais plus jeune hein et ça vous plaît pas hein ! Ah ah … Vous allez voir de plus près. Alors moi je m'expose fière de l'effet que produit mon stylo magique. La mère s'approche. En deux secondes je lis dans ses yeux comme dans un journal, étonnement, surprise, réflexion, indignation…

- Qu'est ce que t'as fait !

Là je commence à m'interroger sur la santé mentale de la mère et de celle de son clone de fille du même coup. Il se passe quoi au juste dans sa cervelle. La voilà qui m'examine comme une curiosité. Le visage, son visage se ferme,dur comme du granit.

- Qu'est ce que t'as osé faire !

- Mais mais… ça c'est moi qui commence à paniquer un tantinet.

- Sandrine t'as vu, elle a osé, comme elle a pu me faire ça à moi, mais t'es une garce! Je te trimballe dans ma voiture gratos et toi !… Comment t'as pu me faire ça !

- Quoi, quoi, qu'est ce que j'ai fait, j'ai le droit de me passer de l'anti rides comme tout le monde !

Si vous l'aviez vu à ce moment là… j'étais glacée. Qu'est qu'il lui prend ? Elle devient folle ! Mais mais…

- Je vais te le faire payer ingrate !

Et là paf. Elle me colle une gifle magistrale et m'empoigne par les cheveux, me secoue à toute volée. FauT que tu réagisses ma vieille sinon elle va te réduire en charpie. Je me débats, je la repousse d'un coup de genou. Mon bas ! Fichu ! Elle hurle… Bien sûr tout le magasin s'attroupe autour de nous. Eh arrêtez là, aidez moi ! Faites quelque chose vous voyez bien qu'elle est enragée ! Eh ! Vous êtes tous sourds ? Ah les gens quel courage. Pensez deux femmes qui s'étripent dans le plus chic des super du coin. Je me défends pas mal, courage sister tu vas la maîtriser. Mais...

-Sandrine ! Mais viens m'aider Sandrine !

La fille ! Deux contre une ! C'est pas juste ! Une gifle un coup de pied, je bascule, je tombe ! Elle se jettent sur moi. Ça hurle dans le magasin, ça hurle dans ma tête, j'ai mal, mal… mes côtes… mon dos… Aïe ! Je saigne !… Des bras… des bras d'hommes !.. Enfin du secours !

Les vigiles sont arrivés, heureusement. Ils se sont mis à quatre pour me sortir de leurs griffes.

- Mais qu'est ce que je vous ai fait ! Vous êtes des folles !

- T'as vu ce que t'as fait à maman ?

- Qu'est ce que j'ai fait à maman !

- T'as pas honte !

- Eh là messieurs les vigiles ! Pas la peine de me regarder comme ça, j'ai rien fait moi !

- T'as pas honte, tu fais dix ans de moins qu'elle maintenant, t'as pas honte !

Texte, © Joël Carayon




Salade grecque



mediapart 14 juillet
Le Bolchevik, le Bolchevik est là, dans la peau de Syriza, avec lui le russe s'infiltre. Staline dans l'Acropole, l'Acropole que la triade accroche, écorche, égorge.

Vade rétro le Grec, le Charlatan qui drague dans son sillage l'âcre puanteur de la révolte, le fumet fumant l'enfer d'un diable rouge. Le Cruel s'en revient, le temps se met à la diète, le temps se met à la dette et l’Eurogroupe se trouble. 





Héra la déesse du Nord s'enflamme au Panthéon ou brûle à Bruxelles, hurle sur Athènes et tous les euro-dieux, verts, verts de colère, se rétractent, se contractent, se décotent. L'euro-zone se dépiaute. Qui est le coupable ? Le Grec, le Grec.

L'orthodoxe Héra, l'euro-doxe Héra, l'irascible Héra cible le bel Hellen, voleur de l'Or du Rhin, condamne l'antique Attique à l'heure austère, met à l'index l'élu artisan de la discorde .

Le bolchevik dans l'habit d'un dieu a dupé la puissante Héra, enlevé la belle Europe, violé l'euro. Il n'échappera pas à la femme humiliée.

Ne pleurez pas, ne criez pas, plaignez les fils de Prométhée. Les dieux trahis banniront leur judas et l'ire d'Héra foudroiera Le Grec aux yeux brûlés par l'anneau.

Le guide terrassé et le peuple soumis, la morale est sauve, n'est-ce-pas ?

Et Europe, candide ou perfide Europe, vierge et prude Europe, te voilà intacte. Pas touche le Grec aux dessous d'Europe, aux deux sous d'Europe. L'inflexible Héra surveille :

- Ôte tes mains le Grec, détourne ton regard. Et toi belle Europe, de la rigueur dans la tenue, s'il te plaît !













samedi 4 juillet 2015

hétéro-poème

les putains du capitalisme (photo Dennis Dutchmetal)
Je ne prendrai pas mes mots d'une main gantée, j'irai les chercher là où les autres les ont jetés. S'il le faut je ramasserai les putains qui traînent en langue glauque et les sans droit d'être cités. Je les rassemblerai et leur donnerai des phrases où se mettre, rêver, exister, dans un jus, un hétéro-poème où se côtoient le cul pincé et le rustre parce que le monde est comme ça, habillé d'or et d'oripeaux. 

Texte, © Joël Carayon 

vendredi 3 juillet 2015

Lifting


Nos rides visages de l'âge 
écrivent le relief de nos paysages.
Gommer la trace, des pleurs uniquement.
Polir les marques, assécher l'encre
et s'habiller d'un supplément d'âme.

 















Texte, © Joël Carayon