photo Antoine Pennacino |
Dans
le téléphone du Boss le gratin du monde, sur son envers les gens du
bas qui vivent au ras du trottoir. Coté clair le pur qui monte parce
qu'il est plus léger que l'air débarrassé des tracas du bas. Coté
obscur, l'impur prisonnier de la glaise parce qu'il mange trop de
gras. Tout en haut invisible d'en bas tellement c'est haut, les
arcanes du Boss.
Toujours
la même rengaine. Le veau et son or, comme dirait mon ami Moïse, sont
toujours la crème de la crème, font toujours le délices des palais
et moi d'ajouter le veau et ses
media duo gagnant sur tous les écrans, les images qu'on
adore, l'or qui nous rend fou et la fuite en avant parce que derrière
il y a quelque chose qui nous court après et ça nous effraie, alors
on se réfugie dans l'agenda du boss, notre château fort et lui
notre seigneur. Que Dieu et ses vassaux nous protègent, amen.
L'avenir de ma planète dans l'annuaire du boss où se logent gratos
les z'homs z'importants n'est ce pas. Allô allô, allô ! Mais
personne ne répond.
l'univers
du boss l'agenda du boss, l'annuaire du boss. Mais boss n'a pas la
bouille d'un ange. Il ne sait pas, dit- on qui saccage la planète,
moi je dis : il s'en fout dans sa bulle de boss, notre jardinier
cultive son pouvoir, se soûle à coups de téléphone, de galas, de
cocktails quand d'autres s'essaient à planter tomates et radis, bio
s'il vous plaît. Le Boss fait le coq. Le boss s'amène dans sa box à
rallonges. Elle a plus de portes que d'habitants, c'est là qu'il vit
très loin de la base le boss avec son téléphone et dedans le sort
de ma planète… ma petite planète avec ses mers, ses océans, ses
yeux bleus.
La
box du Boss s'étire dans l'avenue sous les clic et les clac des
flash, sous les petits drapeaux des enfants qu'il bise
électoralement, les enfants du firmament là haut tout en haut, pas
les morveux des boueux qui vivent dans les feux du bas. Et dans les
grands meeting tout près des étoiles, il rougit les lèvres des
mamans. Le boss est en campagne et soigne son icône. Boss roule sa
bosse, Boss bosse pour lui uniquement.
Le
sort de ma planète entre tes mains j'ai peur. Et lui de répondre :
laisse moi petit, laisse moi tu vois bien que je suis occupé, je
n'ai pas le temps aujourd'hui reviens demain... tiens prends. Et
l'enfant s'en va, dans sa main la photo du boss en campagne, dans sa
main le slogan : pour un monde meilleur demain... et l'enfant
sourit : demain ça lui va bien car demain c'est lui.
Mais
le boss vend du vent : le souffle de ma chérie planète.
L'enfant ne le sait pas. Il a confiance et demain, demain aussi car
demain c'est lui... il ne sait pas que pour le boss c'est tout à
l'heure, tout de suite, pour épater la galerie, demain une
promesse qui ne coûte rien, demain est une litanie, une formule
magique sans lendemain mais l'enfant n'est pas dans l'agenda du boss
pas plus que le monde et pas plus que le climat.
Le
boss serre des mains et encore des mains, bizoute à tous crins
pendant que l'on mazoute les mers pendant que l'on particule l'air,
pendant qu'on se chauffe au carbone et l'enfant et demain main dans
la main gambadent dans le vaste monde. Soudain ils s'arrêtent :
oh!
Là
devant, dans ce futur qui nous est proche, se transforme en présent,
le boss cabosse le monde et l'enfant crie :
Boss
boss pourquoi tu casses ma planète.
Mais
c'est pour ton bien, pour demain et pour toi mon enfant . Il faut lui apprendre à vivre, il faut lui
apprendre qui est le boss sinon elle n'en fait qu'à sa tête. Tu
cries, tu m'accuses mais mon petit je n'y suis pour rien, je suis
moi-même étonné. Il faut bien vivre, il faut bien que les hommes vivent, mon enfant. Tu es trop
jeune pour comprendre. Va jouer aux billes puis reviens quand tu seras
grand...
L'enfant
a grandi nourri aux mamelles du monde, bercé par les chants du Boss
des media. Il contemple l’œuvre du grand homme... Le Grand
Œuvre... Il s'est rangé, il a tranché...il s'est trempé dans le
bain du boss.
Et
demain reste là sur le bord du monde, bien triste, bien seul aussi
sans l'enfant qui lui tient la main et demain, demain s'éteint tout
doucement dans l'éclair d'un matin...
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