jeudi 28 janvier 2016

Douce folie

Il marche dans la ville jusqu'au bout du soir
en emporte le soleil à fleur de trottoir
contemple la nuit qui suinte sur le béton,
l'éclaire de quelques rayons.
Chez lui il fera toujours beau,
chez lui il fera toujours chaud.

il va où son pas le conduit,
sa destination est l'oubli.
Passant tu liras ce qu'il dit
sur des lèvres qui miment sur son visage
un dialogue sans rivage.
Tu sais qu'il n'y a personne
pour qui ses paroles sonnent.

Pourtant de ta rive
tu surprends son rire
qui passe sur l'autre berge
dans le pays de ses rêves ,
des bribes de phrases brèves
qu'on entendra ici
mais qui parlent ailleurs
sur la parallèle de nos vies
en d'autres profondeurs.

Il vit sans vivre au bord du monde
ce bord qui le pousse hors de son corps
et l'invite à suivre d'autres abords
il vit partout à la ronde
Sur des scènes dont il est le mentor
et que l'on applaudit bien fort.

Alors tu t'écartes discrètement
pour ne pas réveiller ce costume qui dort
que rien n'habite sur ce port
et qui le quitte doucement.

lundi 25 janvier 2016

Nostal-rock

Y a plus d 'rock
Y a plus d'rockeurs
Y a q'des rocs
Y a plus d'cœurs
Q'des cœurs de rocs

Y a plus d'grand soir
Qu' des tiroirs
Qu'ouvrent leur gueul'
Sur l'trottoir
Où j'me sens bien seul


Q'des tiroirs à zic
Q'des caisses à frics
Y a plus q'la peur
Qui rap' les cœurs
Et sap'le roc

Y a plus qu'la peur
La peur d' l'amour
Qui cass' les cœurs
Plus qu'des méchants
Qui bav' leur fiel

Plus qu'le fiel
Q'sirup' aux lèvr's,
Du coll' paupièr's
Qu'empêch' le jour
D'pénétrer l'amour

Y a plus qu' l'amour
Qu'dure pas toujours
Qu'on esquint'
noie dans l'absinth'
qu'on boit dans l'sacré

Y a plus que l'sacré
Sacré cœur massacré
que l' Sacré Menteur
Sa majesté
l'Innommé

Y a plus d' rock
Y a plus de rockeurs
Y a plus d'coeur
Qu'des vieilles rancoeurs
D' vieux looseurs

Et pis toi ma peur qui lach' sa douleur
Et pis toi mon coeur qui lèch' mon bonheur

samedi 16 janvier 2016

Origines

- De la poule ou de l’œuf qui vint en premier ?
- Évidemment la poule parce que sans poule pas d’œuf
- Mais d’où vient la poule alors ?
- De l’œuf parce que sans œuf pas de poule…
- On ne s'en sortira jamais.
...
- Mais j'y pense. Sans coq pas de poule et sans poule pas d’œuf...
- Ni de coq bien sûr...
- Hmm la chose se complique : d’où viendraient la poule et l’œuf, hein je vous le demande, sans une terre et son air, sans son eau sans le moindre petit vermisseau. Pas de terre pas d'air ni d'eau partant pas d’œuf ni de poule et le coq ne cocotera pas.
- Et la terre me direz vous ?
- Ne dites plus rien je vous prie. Vous ne trouvez pas ce monde assez confus ?
-Oui mais, pas de terre sans système solaire. Pardon, ça me brûlait les lèvres.
- Pas de terre sans soleil vous avez raison, pas de soleil, pas de terre, pas de terre, pas d'air ni d'eau et pas de poule ni d’œuf.
- Et le soleil.
- Chut il ne fallait rien dire, vous m’obligez de penser et penser me fatigue et la fatigue me fait dormir et quand je dors je ne peux pas réfléchir et la poule reste sans œuf et l’œuf sans poule et le monde ne tourne plus rond .
- Ah bon il n'y a plus de poules ni d’œufs de nos jours alors.
...
- Pas d'univers pas de soleil, pas de soleil pas de terre et pas de terre pas de poule ni d'oeuf.
- Oh j'ai mal à la tête...mais…
- Ne dites rien !

- Mais il faut que je le dise, c'est une question de vie ou de mort sinon qu'adviendra-t-il de nous, de la poule et de l'oeuf… et l'univers?
- Voilà c'est dit. Vous ne savez pas vous taire ? Maintenant il faut répondre … Cela demande réflexion
- L'univers vient de dieu !
- Bien sûr! Pas de dieu pas d'univers et pas d'univers pas de soleil, pas de terre pas d'air ni d'eau partant pas de coq qui cocoricocote et pas de poule ni d'oeuf.

- Ah non je vous prie ne me mêlez pas à cette histoire. Je n'y suis pour rien moi. Alors laissez moi tomber, allez gamberger dans d'autres théologies… je dirais même plus : les hommes ne devraient pas avoir de foi et pas de foi pas de dieu et pas de dieu c'est que je n'existe pas, voilà…et dans ce cas, ça m'arrange.

- Et la question on la pose à qui alors ?

- Oh vous les hommes quand quelque chose vous tracasse il faut que vous trouviez un responsable en dehors de votre sphère humaine. Le climat c'est dieu qui l'a voulu, la guerre c'est dieu, l'accident d'avion, vos petits malheurs, c'est dieu et je suis un meilleur croyant que toi, c'est dieu qui me l'a dit. Et puis c'est moi qu'il préfère et si tu continues de me contrarier je te tranche le cou… ou encore vous vous zigouillez entre vous et pour vous disculper vous déclamez à tout va : Dieu reconnaîtra les siens. Et maintenant la poule et l'oeuf, c'est dieu. Je connais le refrain : et dieu créa la terre et le ciel… et dieu créa l'homme à son image… Et dieu a tout pensé du début jusqu'à la fin des temps ! Stop je refuse d'assumer cette paternité là.
- Ne vous fâchez pas sinon ça va être le déluge et c'est nous qui allons écoper. Nous on disait ça comme ça, pour partager notre sort avec vous. On pensait que ça vous ferait plaisir, c'est tout !
- Eh bien  non. Non à tout ça. Je n'existe pas, voilà !
- Mais pas de dieu pas de poule ni d'oeuf ni de terre ni de soleil…
- Voilà si vous voulez
- Et la question alors ?
- Pas de dieu pas de réponse et pas de réponse pas de question, n'en parlons plus !
- Oui mais…
- Ne dites plus rien !

mardi 12 janvier 2016

Fantasme


Les enfants de l'âme sont des esprits athées loin des églises ou des chapelles – cela dépend de la richesse des paroisses. Les enfants de la république ne sont plus des anges, la pureté de leur conviction est mesurable, elle est égale au solde de leur pouvoir, à la puissance que leur donnent les images et les mots. Leur foi n'a plus rien d'une sainteté laïque elle est à vendre, à injecter dans les veines. Ils ne croient plus à rien, baignent dans une consanguinité calculée, ne connaissent de nous que les déflagrations électorales, nous voient du haut de leur bulle confortable comme une matière nécessaire, des agglomérats statistiques avec une espérance de vie qui n'excède pas la durée d'un mandat. Les enfants de la République habillent leur mensonge des couleurs de la météo. Et nous gens ordinaires, chair d'électorat, entendons ce que nous soufflent nos rancœurs intimes et cet intérêt personnel que l'on dit bien pensé. Satisfaits ou remboursés mais bien plus souvent insatisfaits que remboursés.

Il faudra faire appel aux techniciens du sol, laver le parquet de nos assemblées à grandes eaux, désinfecter les esprits, changer nos modes de calcul. Gens ordinaires prenez vous par la main et bâtissez de votre propre chef le monde de demain dans l'humanité retrouvée de rapports d'homme à homme.



lundi 11 janvier 2016

Biface


Dans mon coffret de santal il y a des lèvres pour hurler ou pour t'embrasser, 
des yeux affûtés comme des couteaux ou doux comme du velours quand ils se ferment sur toi, 
mon amour contre leur haine, 
ma vie contre leurs morts, 
mes paroles au vent contre leurs mots couverts de chaînes, 
du sang qui bout dans mes veines contre ce sang qui coule de leur main . 
Mes chants de poète contre leurs enterrements, 
mes bras tendus vers toi contre leurs poings brandis dans un mouvement de haine.

Tauromachie

C'est mal dans ma tête comme dans un tambour. Que dis-je, des tambours, bours du Bronx. Ils bourrent mes synapses de bruits qui courent, courent de neurones en neurones. Panique et mon cerveau au bord du burn out. Mon mal se déplace, je le traque, mon mal qui enfle et contracte mes pensées dans un champ d'une gravité si intense qu'elles s'agglutinent les unes aux autres jusqu'à former un noyau dur comme des principes.

L'expert :
- Principe du trou noir. L'idée tourne sur elle même si vite qu'elle aspire toutes celles qu'elle rencontre dans sa danse de derviche. Elle les compacte, les condense jusqu'à la tumeur maligne, sa masse devient si lourde, son espace d'influence si large qu'elle emprisonne toute tentative lumineuse dans son carcan de logique sombre. Là où elle gravite, il n'y a plus d'espoir. Le monde s'enferme dans son propre vertige.

Mon noyau est donc tumeur, meurtri dans son humeur , cancer au front, au front de mes idées au front de ma passion, au seuil de ma nation. Mon cancer, mon quasar absorbe et convertit tout embryon de dissidence au rythme de mes peurs.

Le partisan:
- Les sordides en clique claquent leur langue dans des baisers pervers.

J'ai embrassé leurs lèvres, j'ai vu, je sens ce mal qui me comprime dans son étau. Front contre front, prendre ce taureau par ses cornes, front contre front : je suis toréador dans l'arène.

Le partisan :
-Mais dans les gradins un public conquis à la cause du bovin hurle : « à mort le toréador, à mort ».

César, où est César, où est sa couronne de lauriers, où est sa paix romaine ? Grâce César, grâce .

Le cri de la foule :
-Le taureau, le taureau, le taureau !

Le taureau est dans l’arène sous les bravos de la foule, le sable sous mes pas, moi en habit des Lumières, lui trop de cornes sur son front pour qu'y vienne une pensée simple, moi bien trop de pensées sombres pour que s'y loge la moindre simplicité.

L'expert :
- La psychologie du taureau se loge dans le front. Effilée elle est faite pour enfiler, encorner, étriper, éventrer, éventer du toréador.

Et ce soleil... qui me soumet, me force à m'agenouiller face à cet appareil de combat. Ce soleil sur mon front qui m'aveugle, complice de la bête noire de robe et noire pour s'interposer entre mes lumières et moi.

Le partisan:
- Un taureau, en robe sombre et crinière blonde qui ruissellerait d'une force bestiale, un taureau avec cette ondulation de la croupe dont je ne reconnais pas la virilité ?

C'est bien lui qui meugle dans des registres de voix bien trop hauts… avec des yeux bleus… des griffes affûtées sur les chairs qu'on lui tend ?

Le partisan :
-lui ou elle…

L'expert :
- Blonde femelle de la famille des panthères qui feule sur le sable des aficionados, exhorte les mains à tourner leur pouce vers le bas.

Qu'importe. Agiter ma cape, agiter mes idées, les jeter enflammées contre la bête, les agiter pour qu'elle voit le rouge de leur tenue, rouge que le rouge ou le noir contre son front de lionne.

L'expert :
- Le toréador adore les rêves fous avant la corrida et le front bas s'en retourne au combat armé de son rêve de victoire. Il terrassera la bête. D'un coup d'épée au front. Ce front qu'on ne voudrait pas national, retrouvera alors sa place en haut de notre tête et nous pourrons y reloger nos pensées.

vendredi 8 janvier 2016

Lettre de réclamation (2)

Monsieur,

j'ai bien reçu votre plainte en date du 1er janvier de cette nouvelle année. J'ai été très surpris voire même choqué par votre ton. Je vous rappelle que nous vous avions livré un produit en parfait état de fonctionnement avec un mode d'emploi précisant en caractères gras les conditions d'utilisation et notamment le danger que représentaient des émissions de carbone abusives. Vous n'en avez pas tenu compte. Mes collaborateurs vous ont avertis des risques encourus à maintes reprises, sans succès. Votre terre ne tourne plus rond ? Vous en êtes les seuls responsables. Il vous appartient donc de réparer les dégâts subis sans dédommagements de notre part.

Vous m'accusez également d'avoir mandaté quelques fous de Moi-Même, quelques miliciens à ma solde pour semer la zizanie au sein de votre communauté, vous allez jusqu'à affirmer que leurs exactions serviraient à couvrir nos erreurs dans la fabrication de votre jouet en fermant les yeux sur des actes sanguinaires en mon Nom. Il n'en ait rien et votre mauvaise foi comme la leur me désole. Il serait temps que vous preniez votre destin en main et que vous arrêtiez de dénoncer un soi-disant complot dont je serai l'instigateur.

Nous faisons notre travail au mieux et aussi scrupuleusement qu'il nous est possible. Vos accusations sont infondées et nous espérons mon équipe et moi même que vous vous rendrez à la raison très rapidement. Nous pourrons alors reprendre notre collaboration.

Avec nos salutations distinguées.

Dieu L'Hypothétique.


jeudi 7 janvier 2016

Réclamation

Monsieur,

Nous sommes le 1er janvier d'une nouvelle année et j'attends toujours. A mon réveil j'ai regardé par la fenêtre. J'avais enfin réussi à décoller mes paupières passablement engluées par une nuit de beuverie et m'étais débarrassé de ma gueule de bois d'ébène – pourquoi d'ébène  me direz vous? Pour vous faire mesurer l'intensité de notre désarroi en ce matin tout nouveau. J'ai scruté mon ciel mouillé d'une fine pluie froide et sinistre parce qu 'elle me rentre dans les os insidieusement la perverse et me plonge dans son monde de pleureuse.

J'attends toujours monsieur ce que tout le monde souhaite, ce qui fera de cette année maussade, une bijou de gaieté et de joie : de l'humain, monsieur. Oui, humain de humus, la terre où l'on a soufflé une âme paraît-il et il paraît même que nous serions des petits privilégiés parce que les seuls à en avoir une. Imaginez donc ma joie quand j'ai reçu vers minuit mon lot de bonne et heureuse année. J'y croyais dur comme fer. Pourquoi cette année plutôt qu'une autre ? Parce que pardi, un point c'est tout. Parce que je dois avoir la mémoire courte. J'ai dû penser pareil tous les 1er janvier. La première fois remonte quand ado je vous parlais déjà de mes doutes - ça me revient un peu quand même mais vous ne vous rappelez pas bien sûr de ce garçon boutonneux désemparé par une voix pas encore totalement muée et doutant de tout, même de la réalité de son ombre. Il vous demandait un peu de considération et de compassion pour adoucir son acné rougeoyante, un peu de compréhension face à ce monde qui lui semblait déjà brinquebalant.
Aujourd'hui encore je réitère mes réclamations. Chez vous le SAV n'est pas terrible. Sûr de la légitimité de ma requête, je m'attendais à un changement radical et cela immédiatement, sans délai et plus vite que ça encore et pourtant je me méfie des promesses qui n'engagent que ceux qui etc, etc... Vous avez saisi, je pense, l'objet de la présente – comme on dit dans tous les manuels de savoir écrire. Je me plains par anticipation, par expérience aussi . J'ai attendu, attendu et rien ne changeait vraiment sinon la naissance de quelques rides rajoutées aux précédentes.

Bref je revendique du bon, du nouveau , du généreux, de l'amour, de la beauté, de la grâce, du beau temps, des hommes responsables, une terre heureuse, un monde qui marche comme il faut sur ses deux jambes, tourne rond si vous préférez et cette fois ci pas d'entourloupes je vous prie. Rappelez vous, je vous avais fait les mêmes remarques l'année dernière mais vous ne m'avez pas écouté. On voit le résultat. Pas la peine de vous faire un dessin ni de lister toutes les embardées de la machine.

Vous nous livrez une terre en bon état de marche, dites vous avec de belles saisons, un petit climat auquel on s'est habitué depuis des siècles et soudain vous changez ça, vous vous dites tiens si je leur envoyais un petit réchauffement climatique juste pour voir, pour les dix mille ans à venir comme ça sans nous avertir ou si peu. Je vous soupçonne même de vous marrer en douce. Et quand on vous rétorque : vous avez vu le résultat, les ours blancs, la banquise les inuits, vous répondez : contactez notre SAV. J'ai contacté votre SAV et je ne suis pas content du tout de sa réponse : « nous avons analysé le dysfonctionnement que vous nous avez signalé, mais nous n'avons malheureusement pas pu conclure à un défaut de fabrication. Le problème provient d'une erreur de manipulation qui vous incombe ». Alors là je n'ai pas du tout apprécié. Il fallait construire plus solide, et puis la garantie n'est pas terminée alors qu'est ce que ça vous coûte de me changer ce tas de terre qui hoquette. On me rétorque : c'est de votre faute vous avez abusé du carbone, vous avez bouffé du charbon, du pétrole jusqu'à plus soif. Consultez le mode d'emploi. Nous n'y pouvons rien et il ne peut y avoir d'échange car vous n'avez pas utilisé l'appareil correctement ni suivi nos recommandations malgré nos nombreuses mises en garde etc. C'est proprement scandaleux. J'ai payé pour la bonne marche d'un produit et j'exige qu'on me le remplace. Faites quelque chose vous qui êtes le patron.

Puis je vous signale aussi que certaines de vos créatures humaines se sont très mal comportées l'année déjà dernière, suivez mon regard : Paris le Bataclan par exemple. Ça me fait de la peine, je suis déçu. Je croyais sincèrement en vous j'étais même prêt à me damner pour vous et vous, vous avez fait preuve d'une mauvaise foi ridicule en nous balançant des illuminés qui se réclament de votre groupe. Ils sont de plus en plus nombreux et d'obédiences diverses, tous aussi allumés les uns que les autres et moi ça me gâche ma nouvelle année – à moins que ce ne soit le champagne... Il va falloir vous retrousser les manches et dare- dare.

D'accord je reconnais que nous les humains sommes de grands enfants, on n'a pas trop ménagé notre jouet mais à notre décharge qu'est ce que vous avez fait pour nous en empêcher ? Vous vous êtes peut être exprimé à travers la bouche de vos subalternes, vous nous avez fait part d'un certain mécontentement, qu'il fallait revoir notre façon de jouer, être plus respectueux de nos affaires, plus soigneux, plus ordonnés aussi. Paroles, paroles pieuses mais sans effet vous vous en rendez bien compte. Vos mises en garde n'ont servi en rien. Quand je dis VOS mises en garde, ce sont plutôt celles de vos franchisés pas toujours très crédibles d'ailleurs – il n'y a qu'a voir leur mode de vie, leurs petits penchants de travers. Vous avez un an pour me convaincre. C'est plus qu'il n'en faut pour un guide aussi puissant que vous. Il vous suffit de vouloir. Je veux encore croire en vous.

Avec tous mes vœux de réussite pour le projet que nous avons en commun.

Un homme encore confiant et qui met tout ses espoirs en vous.

Janvier de n'importe quelle année.

mercredi 6 janvier 2016

nuits noires

Il regarde par dessus les eaux,
convoite un horizon nouveau,
rêve d'empire, d'or et de domination.
Il s'arme, s'envole, appareille, pilonne,
il atterrit, accoste puis arraisonne
Il envahit et dévaste sans rémission,
Il occupe, exploite, réquisitionne.

Il désire, dévore, détruit, déchire
arrache, arase, abat, assassine
puis se détourne des terres qu'il a brûlées,
des océans qu'il a vidés,
des montagnes qu'il a rasées,
des plaines qu'il a épuisées.

Il vole et viole, jusqu'à rendre folles
celles qui pourraient être ses soeurs,
il torture et broie insensible à leurs pleurs
ceux qui pourraient être ses frères.
Il séduit ou soudoie, conspire et noie
trahit le sourire aux lèvres.

Trois petits tours trois petites morts puis s'en va
laissant derrière lui silence et vide,
des nuits, noires où sonne le glas,
blanches pour ceux qui lui survivent.

Toi tu cries c'est un blanc,
il a les yeux bleus des mers qu'il a dévastées,
des mains faites pour serrer et nous étrangler
Il n'aime que l'argent
Blanc c'est un homme blanc,
il asservit colonise vend
organise le monde à sa main,
assoie sa puissance sur nos reins,
de nos peaux de couleur il ne laissera rien
Trois petits tours et puis s'en va,
Trois petits tours et puis voilà.

Blanc, c'est un homme blanc
mais comme toi homme
toi qui approches la haine
et voudrait sa mort prochaine
tu attends son heure et quand il faiblira
tu t'avanceras, tu l'achèveras, tu te vengeras
pour toutes les guerres que tu as perdues,
pour toutes les tortures dont tu as souffert.

Quand il sera perdu, que tu l'auras vaincu,
asservi, avili, acheté, accablé,
quand tu auras vidé les mers et les terres,
que tu auras rasé l'ultime montagne,
anéanti la dernière campagne,
il dira : tu es blanc,
tes yeux ont le bleu des mers que tu as mises à sang.
Quand il n'y aura pour nous qu'une nuit noire
noire de notre désespoir,
il se soumettra, te servira, attendra
il attendra et quand tu faibliras...