Chaque
soir à la nuit tombée et quand ça sentait bon le sapin de Noël,
il sortait arpentait les rues, se gavait de lumières, de jingle
bells, de joyeux Noël, il s'arrêtait devant des boutiques
rétroclairées comme des écrans de phone. Il se collait le nez
contre leur vitre léchait leur verre avec l'envie qui lui serrait le
ventre, lui vrillait les intestins. Cet Aïe Phone, le Sept, le
dernier né de la gamme, avec un hochet pour les bébés, sa coque
aux couleurs du Barsa, trop cool juste celui qu'il voulait, trop bon…
trop con, je n'ai pas de ronds.
Petite
voix malhonnête :
-
tu connais pas le slogan ?
Lui :
-
Quel slogan
-Si
tu peux pas l'acheter...
-Je
sais pas voler
-
Mais t'as vu comme il est beau, il est vraiment trop chou, regarde
regarde mais regarde !
- C'est vrai, j'en rêve, il irait très bien dans ma main, son écran doit être doux, ses couleurs, ses musiques, son ronronnement... Arrête, je sais pas voler, je te dis!
- C'est vrai, j'en rêve, il irait très bien dans ma main, son écran doit être doux, ses couleurs, ses musiques, son ronronnement... Arrête, je sais pas voler, je te dis!
-
Casse la vitrine...
- J'suis trop nul!
- Et les filles tu as pensé aux filles,
Malika, Loane, Sue, la belle Sue avec ses yeux d'amandes, sa peau
blanche, la petite vague qui agite son pull quand elle court, ses
jambes longues, longues, longues… la belle Sue aussi belle que le
Sept.
-
La belle Sue et ses lèvres… sa peau, son parfum... et
toutes ces belles Sue… c'est trop top...
Bruit
de verre, sirène, alarme, vitrine, du sang, l'aïe-phone…
- Mon
icône, mon aïe-cône.
Je
veux, je vole, j'ai mais je veux encore. Sept, Huit, Neuf… qui vole
un œuf...