Il
regarde par dessus les eaux,
convoite
un horizon nouveau,
rêve
d'empire, d'or et de domination.
Il
s'arme, s'envole, appareille, pilonne,
il
atterrit, accoste puis arraisonne
Il
envahit et dévaste sans rémission,
Il
occupe, exploite, réquisitionne.
Il
désire, dévore, détruit, déchire
arrache,
arase, abat, assassine
puis
se détourne des terres qu'il a brûlées,
des
océans qu'il a vidés,
des
montagnes qu'il a rasées,
des
plaines qu'il a épuisées.
Il
vole et viole, jusqu'à rendre folles
celles
qui pourraient être ses soeurs,
il
torture et broie insensible à leurs pleurs
ceux
qui pourraient être ses frères.
Il
séduit ou soudoie, conspire et noie
trahit
le sourire aux lèvres.
Trois
petits tours trois petites morts puis s'en va
laissant
derrière lui silence et vide,
des
nuits, noires où sonne le glas,
blanches
pour ceux qui lui survivent.
Toi
tu cries c'est un blanc,
il
a les yeux bleus des mers qu'il a dévastées,
des
mains faites pour serrer et nous étrangler
Il
n'aime que l'argent
Blanc
c'est un homme blanc,
il
asservit colonise vend
organise
le monde à sa main,
assoie
sa puissance sur nos reins,
de
nos peaux de couleur il ne laissera rien
Trois
petits tours et puis s'en va,
Trois
petits tours et puis voilà.
Blanc,
c'est un homme blanc
mais
comme toi homme
toi
qui approches la haine
et
voudrait sa mort prochaine
tu
attends son heure et quand il faiblira
tu
t'avanceras, tu l'achèveras, tu te vengeras
pour
toutes les guerres que tu as perdues,
pour
toutes les tortures dont tu as souffert.
Quand
il sera perdu, que tu l'auras vaincu,
asservi,
avili, acheté, accablé,
quand
tu auras vidé les mers et les terres,
que
tu auras rasé l'ultime montagne,
anéanti
la dernière campagne,
il
dira : tu es blanc,
tes
yeux ont le bleu des mers que tu as mises à sang.
Quand
il n'y aura pour nous qu'une nuit noire
noire
de notre désespoir,
il
se soumettra, te servira, attendra
il
attendra et quand tu faibliras...