mardi 21 juillet 2015

Estivales


Remi Dugoua
La ligne de nos vies se courbe dans le soir.
Coups d’œil sur le couchant, regards dans le soleil,
eau turquoise marbrée des ardeurs solaires.
Les rides d'une eau limpide glissent-perlent,
hâlent des peaux offertes à la promesse
d'une fraîcheur renouvelée
et les corps assoiffés s'ouvrent aux boissons colorées
sous la pression intrusive d'une chaleur lourde.

La peau, le corps, ses sens, son désir s'inclinent,
s'abandonnent aux caresses indiscrètes
de cette sans gêne aux brûlures équivoques,
rougeurs emmêlées de soupirs.

Un chant de mer pour tempérer les coups du chaud
et sous tes paupières, l'étrange paresse
après l'offrande au soleil,
sur tes hanches, le chatoiement discret d'une eau
que blanchit la vague,
sur tes yeux la trace d'un rêve,
l'ombre d'une saveur assouvie,
sur tes lèvres, le goût encore vivace d'un enchantement...

Pourquoi ces lignes précieuses et ridicules : la saveur du soir, le sel sur sa bouche, les rougeurs sur le blanc ? Elle te plaît, elle est belle, elle s'offre au soleil et ça te rend jaloux. Il faut faire quelque chose, dis-lui que tu seras aussi transparent que cette goutte sur son bras ( on commence toujours par le bras) même si ta main se glisse entre elle et la lumière solaire pour se fondre dans une caresse chaude. Dis-lui, ou plutôt mets l'âme de ta main sur elle, son ombre que ton soleil complice découpe, l'ombre qu'il conduit jusqu'à son dos, le double de ta main sur sa taille, et dans son demi sommeil... le frémissement enjoué d'une pensée entre le royaume du contour et son frère de lumière pour un désir né d'une obscure origine.

Elle frissonne, soupire, lève des yeux lourds vers la lumière, jauge la profondeur d'une plénitude, s'interroge sur cette soudaine langueur au soir naissant, mesure la distance qui la sépare de cette eau limpide dont le chant discret l'attire...

Il y a dans cette silhouette d'homme là bas comme une familiarité onctueuse qui me remplit d'une douceur liquide pense-t-elle.

C'est un bon début n'est-ce-pas, un bon début seulement, ta voix maintenant pour le domaine de son corps.

Texte, © Joël Carayon