Remi Dugoua |
La
ligne de nos vies se courbe dans le soir.
Coups d’œil sur le couchant, regards dans le soleil,
eau
turquoise marbrée des ardeurs solaires.
Les
rides d'une eau limpide glissent-perlent,
hâlent
des peaux offertes à la promesse
d'une
fraîcheur renouvelée
et
les corps assoiffés s'ouvrent aux boissons colorées
sous
la pression intrusive d'une chaleur lourde.
La
peau, le corps, ses sens, son désir s'inclinent,
s'abandonnent
aux caresses indiscrètes
de
cette sans gêne aux brûlures équivoques,
rougeurs
emmêlées de soupirs.
Un
chant de mer pour tempérer les coups du chaud
et
sous tes paupières, l'étrange paresse
après
l'offrande au soleil,
sur
tes hanches, le chatoiement discret d'une eau
que
blanchit la vague,
sur
tes yeux la trace d'un rêve,
l'ombre
d'une saveur assouvie,
sur
tes lèvres, le goût encore vivace d'un enchantement...
Pourquoi
ces lignes précieuses et ridicules : la saveur du soir, le sel
sur sa bouche, les rougeurs sur le blanc ? Elle te plaît, elle
est belle, elle s'offre au soleil et ça te rend jaloux. Il faut
faire quelque chose, dis-lui que tu seras aussi transparent que cette
goutte sur son bras ( on commence toujours par le bras) même si ta
main se glisse entre elle et la lumière solaire pour se fondre dans
une caresse chaude. Dis-lui, ou plutôt mets l'âme de ta main sur
elle, son ombre que ton soleil complice découpe, l'ombre qu'il
conduit jusqu'à son dos, le double de ta main sur sa taille, et dans
son demi sommeil... le frémissement enjoué d'une pensée entre le
royaume du contour et son frère de lumière pour un désir né d'une
obscure origine.
Elle
frissonne, soupire, lève des yeux lourds vers la lumière, jauge la
profondeur d'une plénitude, s'interroge sur cette soudaine langueur
au soir naissant, mesure la distance qui la sépare de cette eau
limpide dont le chant discret l'attire...
Il
y a dans cette silhouette d'homme là bas comme une familiarité
onctueuse qui me remplit d'une douceur liquide pense-t-elle.
C'est
un bon début n'est-ce-pas, un bon début seulement, ta voix
maintenant pour le domaine de son corps.
Texte,
© Joël Carayon