Vieillard
à tête chenu, vieille tête penchante broute l'air de son chant et
lorgne par dessus sa clôture les braiments affirmés des jeunes
mâles en parade. Vieil âne au pelage fripé sous les coups répétés
des années s'attriste quand par le truchement cruel d'un regard de
femme, il croise son reflet que caricature la pupille d'une dame. Il
baisse la tête, accepte l'ironie d'un sort en habit de drame et se
tait. Une larme et de l'encre sur une feuille aussi blanche que sa
chevelure noircit en quelques écritures la candeur du papier. Et le
vieil animal enfante d'un désespoir que personne ne lira parce qu'on ne fait pas du neuf avec du vieux. Un vieillard qui donne dans le
vieil art poussiéreux, ce n'est pas sérieux.
Il s'en alla errant
dans le champ de sa plainte, espérait trouver une quelconque once de
douceur auprès de sa compagne aux belles couleurs encore , lui
offrit la chair de sa poésie. Il n'y trouva que rancoeur et
mélancolie au mieux une indifférence accompagnée de reproches pour
son manque d'attention. Tu pourrais me dire que je suis belle, me faire un compliment pour ma nouvelle coiffure mais tu ne dis rien. Cohabitons mon cher dans la
sagesse d'une résignation bien comprise. Le compagnon malmené usé
par l'afflux des rejets profita d'une distraction du fermier et
s'évada d'une prison qui avait perdu ses dorures. Il s'enfuit sur des
sentiers de ronces pour s'enfoncer dans les terres de l'oubli
et de la solitude. On ne le revit jamais et l'absence de son braiment pour soutenir celui de sa compagne fit de ce chant un fado mal égrené.
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