vendredi 18 septembre 2015

Et pourtant

La mer, la mer si calme, si douce la mer, si paisible et pourtant...
et pourtant tu te souviens...
les vagues, les plaintes, les grincements de la coque du bateau...
la crainte, la peur sur les visages, et pourtant.
Ici la mer déroule son eau sur des visages tranquilles.
Et pourtant la traversée avec les grondements bavant d'écumes et le vent et les voix des marins, les hurlements sur le pont.
Ici nous sommes enfin de l'autre côté.
Oui de l'autre côté des choses,
du bon côté.
Et pourtant hier nos regards tendus, nos yeux braqués sur le rêve et sa destination, la mort autour.
Et là sur la plage, un corps...
un homme...
comme nous?
Un homme comme nous, et différent pourtant . Il dort, vraiment, il dort.
Je n'aime plus voir ces corps immobiles ni ces bois qui flottent, passifs.
Ce corps est un homme d'ici. Tout à l'heure il va s'animer, il se lèvera puis s'en ira sans doute, l'esprit libre de nos frayeurs.
Plus jamais je ne saurai distinguer le sommeil et la mort.
Tu devrais sourire... pense au pays, aux nôtres sur l'autre rivage. Nous sommes leurs yeux, nous sommes leur espoir.
Et pourtant nous voilà libérés d'une peur mais une autre loge dans sa vacance...
dans les regards d'ici où je lis la bonté ou la méfiance.