Petits plaisirs
Cet
or du fond de tes yeux, or fondu au bleu d'un ciel si profond si
délicieux, cette symphonie à bec et à plumes par dessus, c'est du
beau, du bon, du bonheur, mais…
Cet
amour, pour toujours, à jamais, pour la vie, câlins, caresses,
cadeaux et tous nos
débords heureux; cet
amour trace son
quotidien, nous emporte sur son
chemin. Mais...
Mais
la mélodie modelée au fil de nos baisers délie le cœur du corps
qu'elle anime, mélodie s'élime, rengaine s'assèche.
Petite
aigreur, petite rancœur, petite fadeur, petite humeur, petite
tumeur...tu meurs petit bonheur dans le chant d'un fado, do mi fa, do
mineur. Et nos gazouillis, roucoulades, reculades s'enchaînent, nous
enchaînent, nous gênent, nous irritent, nous tintamarrent, marre de
cette volière qui serine, ressasse,
rabâche,
agace, encolére, tenaille…
ça
nous met
hors de nous. Hors
du beau du
bonheur
et
tu ressens dans la friction de ces heures, dans leur frottement
lancinant, l'usure chagrinée de ce qui perle devient lèpre.
L'envers
de l'endroit, mais…
Mais les petits plaisirs font nos
grandes rivières qui font les grands océans qui font les grands
débordements et nos petites joies s'engloutissent dans de grandes
catastrophes, alors…
Alors une petite colère, une
gentille dispute, un mot juste plus haut que les autres, pas trop
loin, pas trop fort, ni trop bof ni trop beurk, pas trop... ni
trop... juste un peu de sel, un peu d'oxyde, un peu de sable, un
grain, un brin de bof, de beurk, un petit cri, petit gris gris qui
nous protège de nos peurs ...
un
amour de quotidien.