Sourires
aux dents blanches jusqu'à l'aveuglement, visages sans rides,
visages que l'on aime d'emblée : un père et devant sa fille.
Un bonheur s'invite. Le regard vers ce point que nul ne voit, en deçà
du cadre, en deçà du présent.
Derrière
eux, le blanc d'un rêve, le blanc du temps, blanc de l'oubli, blanc
du non lieu.
Et
l'on se dit j 'aimerais, j'aurais aimé, j'aurais pu aimer et
l'on se prend à vagabonder dans ce blanc, à le remplir d'un décor
fait d'arbres et d'oiseaux, d'un ciel éternellement bleu et pourquoi
pas la mer et pourquoi pas des voix d'enfants, pourquoi pas une
comptine comme un refrain juvénile : une souris verte qui
courait dans l'herbe...une petite souris pour de grands sourires et
l'ogre qui croque, croque surtout les enfants malheureux, voilà
pourquoi dans les photos ils sont toujours gracieux. Et l’œil
derrière l'appareil à photo, l'œil qui cadre se plisse et qui
rit ? L’œil d'une femme, l’œil d'une mère, l’œil
aimant, l’œil aimé, celui qu'ils regardent de leur yeux
photographiés, lointains, de plus en plus lointains fatigués de
s'exposer année après année.
Paradis,
paradis d'or que l'on adore sur son papier usé, à demi effacé. Ce
paradis ne parade plus, de l'or il ne lui reste que l'âge, un or que
l'on n'envie que s'il demeure sans, car tous nos paradis sont
paradis perdus.