vendredi 4 septembre 2015

Et pourtant

Photo : Philippe Feluy
J'ai du dégoût sans être malheureux, beaucoup d'amertume pourtant je suis comblé. Mais, mais j'entends la rumeur des hommes, cliquetis étouffés de leurs manigances pendant que les sourires ensoleillent les écrans et l'histoire me chuchote à l'oreille : ne les écoute pas, ils parlent, ils chantent, ils se recueillent pieusement, on y croirait et pourtant les mélodies en sous sol ne recouvrent pas tous les cris et pourtant il en est de plus forts et de plus stridents que les autres et pourtant ce silence, que penser de ce silence.

J'ai de la tristesse pourtant je vis dans le soleil, je ne compte pas et pourtant je vis soucieux, avec le poids du désenchantement. J'ai de la colère et pourtant je vis en liberté dites-vous. Mais l'histoire me murmure les alliances contre nature : le coeur sur le bord des lèvres nos porte-voix vitupèrent, dénoncent la dictature mais soutiennent la main du sang, à l'envers de l'endroit, coté obscur coté de lumière cote à cote dans les mêmes cerveaux. Et le rêve flirte avec le cauchemar.

J'ai la nausée pourtant je cherche un jour, un jour sans arrière salle, sans arrière pensée. Un jour fait d'hommes clairs, un jour pur avec sa nuit d'un sourire franc. Pourtant les hommes du secret copinent avec le crime, et nous peuples que l'on zappe, que faisons nous. Pourtant j'ai dans les yeux un horizon radieux, pourtant j'appelle au réveil, oui j'appelle, je hèle les esprits. 

Ouvrez, ouvrez à la clarté, laissez votre anesthésique quotidien. Un pas, il suffirait d'un petit pas, un petit écart à droite ou à gauche pour que l'on voit le verso de nos pages ensoleillées. Un petit pas sans effort, pas chassé vers l'envers du décor à rebrousse pensée, un pas de coté que vous ferez ou ne ferez pas. Et pourtant...