Il
se lève, regarde le ciel tranquille, son bleu immobile et en dessous le
tumulte des gris.
Il
se dit :
-
Et si c'était la dernière...
Il
aime,
la
rectitude des toits de tuiles,
il
aime,
la
géométrie rassurante de sa ville,
les
maisons posées sur le bord des rues,
leurs
yeux ouverts ou clos selon l'heure.
Il
se dit :
-
la dernière... .
Il
s'immerge
dans
le ronron familier des moteurs,
dans
le bavardage hypnotique des foyers,
les
bruits assourdis d'un jour précieusement ordinaire.
Et
si c'était....
Il
touche la ville des doigts,
sent
sa rugosité le pénétrer,
il
éprouve la dureté des trottoirs par ses pas nonchalants ou non,
glisse
son épaule sur d'autres épaules
et
se régale de leurs frottements légers.
...La
der des der.
Il
suit un parfum qui le prend par le bout de son nez,
chevauche
sa fragrance ondoyante,
il
dévie capturé par l'odeur d'un café,
fuit
les fumées âcres échappées d'autos aérophages.
Sans cesse il se répète :
si
c'était la dernière fois...dernière fois que ce jour se lève.