Elle
est arrivée dans le gymnase vêtue de noir assez pour les
conventions, nue suffisamment pour appâter le mâle par quelques
rondeurs à fleur d'un juste au corps très justement ajusté, bordé
pour tirer des bords au plus prés du musc animal, animale équipée
pour de folles équipées de soie et de feulements. Elle est arrivée
plastique, lisse avec dans son sillage l'appel du corps à corps. Elle est souriante et convenue, avenante, consciente de l'impression qu'elle
laisse dans la rétine et l'imagination de ceux qui font comme s'ils
ne faisaient pas attention mais dilatent leur pupille jusqu'à
l'enlacer, la déshabiller un peu plus que ce qu'elle est mais
sans trop. On est entre gens du monde n'est ce pas et on sait se
conduire. Elle sait se conduire, entre chiens et chats elle aiguise
le regard, affûte le désir. Elle surfe sur son image et son entrée.
-
Bonjour.
Elle
parle aussi mais ça se gâte, elle rit aussi et ça se gâte, elle
se laisse aller au sport qu'elle vient pratiquer et ça se gâte par
des mots, des non mots et des silences aussi. Les yeux des
quarantenaires ou des trentenaires s'attendrissent un peu, excusent
surtout, protègent, assistent, soutiennent la fragile panthère.
Mais il manque une note dans la symphonie, un accord majeur dans la
rythmique, il y a un bémol à la clé dans une harmonique qui ne
jazze pas complètement et les regards se ternissent un peu ou
s'accrochent sélectivement à l'ondulation du body, la compression
du haut de son corps dans le mouvement. Ceux là choisissent le sens purement
animal, se disent ma foi... Elle, continue, apparemment vierge de tout
pressentiment, poursuit sa partition dans la
danse des bras et des jambes, des sourires,
des yeux en coin, des paupières que l'on baisse. Elle fait
son choix discrètement mais sûrement, élimine conserve, se
détourne contourne, effleure, affleure ses charmes à bon escient.
Elle vit tout simplement.