lundi 8 juin 2015

Tabou

Tabou
photo patrick giordano
...ta boule ta boule de nerfs tanguera entre le jour et la nuit tant que tant que le temps, temps livresque, tant que ta fresque, ta presque ivresse ne se sera brisée sur la lame du tabou, tant qu'elle ne priera éprise d'un regret, un regret d'absolu, regret d'absolution. Ta solution n'est pas dans le regret, l'absolution n'est pas dans le secret, la mise au secret de ta faute. Avoue. Ta boule de pêchers – noyau dense danse sur le tabou, dans ce tas de boue où ta boule de nerfs, pelote de secrets recrée à la craie l'âcre poison que le sacré souillé injectera dans ta joue qui bout sous le feu de l'acte.
Et sa chair sous tes doigts, sa chair pas cher payée pour l'outrage endurée, l'outrage sans âge, l'outre passé par où l'homme sans foi ni voix se crèvera les yeux face à sa vérité. Le mâle mal, le mâle en proie à son désir s'aveugle s'acharne sa chair contre sa chair, trop chère trop trop chère mère trop cher le prix à payer pour ta chair tabou. Le prix du mal. Le mâle ne sait pas, le mâle ne veut pas, ni connaître ni reconnaître l'offense.
Trop chère mère : n'être que chair de femme pour le mâle désir d'un fils, mâle défi du dieu, dieu le père, paire fils et père, fils et mère impères et manque, manque de loi et le sang du père sur ta main sur ta peau, et la boue, la boue sur tes mains, boue tabou qui dénonce ton crime de chair. Et la chair insiste, un geste inceste. Le mal est fils, mâle erre, les yeux brûlés au feu de mille et un regrets.

Texte, © Joël Carayon