Elle m'a dit des paroles sombres.
Je n'ai rien dit.
Et ce matin ce ciel qu'un soleil d'été tiédit se voile d'une
rouille au goût de limaille.
Vite il me faut vider mon jour
des mots de gris, vomir l'acide d'une nuit passée dans le bruit du
sac et du ressac de ce liquide si amer. Ces maux qui m'habillent d'une
encre trop noire pour mes yeux.
Eh toi l'habitant des lieux,
n'aurais-tu pas dans ta trousse de poète quelques formules qui
lavent mon bleu de nuit ?
Je voudrais retrouver sur ses
lèvres, les mots roulés en vagues fraîches, la lumière dorée
d'un vrai matin d'été avec ses musiques d'oiseaux.
Son rire,
surtout son rire qui m'éclaboussera quand elle se réveillera. Celui
qui naît dans le cœur, dans le fond de son ciel en plein sommeil,
s'ouvre sur sa bouche en même temps que ses yeux.
Eh toi l'habitant des lieux il
faudrait que tu m'écoutes pour une fois, encore ou de plus ou la
première ! Je t'ai déjà parlé de cette manière. Peux-tu
dire que tu m'as entendu ?
On m'a dit :
- écoute le fond de ton cœur et Il te parlera.
Mais il est certainement trop
profond et tu n'arrives pas à te faire entendre ou bien je suis
sourd comme un pot. Ce pot nourrirait de si belles fleurs si tu y
mettais un peu du tien !
Je lui parlerai avec tous les
mots des cieux ces mots bleus glissés sur ses yeux.
Ces mots silencieux qui danseront
pour elle quand elle les regardera.
Et elle m'ouvrira ses bras !
Et on s'embrassera dans le fin
fond d'un horizon qui réconciliera tous les bleus de la mer,tous les bleus du ciel et de la
terre aussi.
Dans le fond de nos yeux.
© texte propriété Joel Carayon
© texte propriété Joel Carayon
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