http://sboisse.free.fr/planete/pol_eau.php |
-Tu te
rappelles la petite rivière de notre
enfance où nous allions pêcher
nos souvenirs d’adultes vieillissants ? Elle sifflotait son
insouciance entre des galets arrondis à la douceur de l’été.
-Et les
arbres penchaient tendrement leur feuillage au-dessus d’elle. On attrapait des
rêves dans la gaieté de nos après-midi. Les poissons se moquaient de nos lignes
rafistolées, tournaient autour de nos hameçons. Mais seuls les plus désespérés gobaient
nos appâts mal façonnés.
-Plus
tard les hautes herbes de juillet ont caché nos caresses, encouragé nos ébats
de leurs rires bleus et rouges où chantait à tue-tête notre adolescence.
- L’eau a
coulé sous nos âges. Aujourd’hui nous observe de son œil de plomb, roule son
huile et ses carcasses rouillées dans un mince filet nacré. Brillante de ses
papillons en papier gras elle grogne, rote dans sa prairie fleurie des vestiges
de nos boulimies.
-Et les
enfants d’aujourd’hui courent sur les restes d’ortolans, cueillent les fleurs
de gravats ou s’émerveillent devant les dépouilles pitoyables d’anciennes machines
à penser. Au-dessus le tumulte d’un vol de rieuses plonge violemment au cœur de
ce paysage.
-Là. L’esprit
de l’eau s’éveille, s’ébroue, expose son corps dénudé, lance son chant
rockailleux. Néo-sirène pose devant l’enfance enchantée. Bat de ses longs cils
de ferraille, roule des yeux maquillés aux tessons de bouteilles, exhibe sa nudité de plastique
défloré.
-On
n’arrête pas le progrès !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire