lundi 3 novembre 2014

Mon pays, ma langue

 Mon pays c'est ma peau, mes mains ouvertes et généreuses, tendues ou ténébreuses ;
ma voix, mon regard : l'étendue de son territoire.
Mon pays c'est ma langue, son ventre où je puise mes mots.
Mon pays me parle d'en deçà de son amour de mère.

Mon pays c'est ma langue, 
ma prison son articulation et ses mots, mes chaînes sa grammaire, mon boulet le poids de ses conventions.
Ma langue change sa couleur mais l'ancienne phrase retoquée circule toujours dans le sang des peuples. 
Ma langue ma prison, ma langue ma révolte.

Leur langue officielle, universelle, déformée, vidée, économique, assiège le pays de mes mains, de mes yeux, de ma voix, le corps de ma langue, le ventre de ma mère.
Mon pays c'est ma langue, ses pas qui me mènent où je vais.
Mon pays ma langue, ma langue ma prison, ma prison mon évasion, ses images mon maquis

ma langue et ses contre mots circulant dans les ombres de mes ruelles.
 
Mon pays en marge de vos frontières, toujours à l'étranger, nomade, no made in quelque part, ma langue qui m'assigne à résidence, mon pays en migration.

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©  texte propriété Joel Carayon













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