mercredi 7 janvier 2015

La vie est belle


Cet arbre échoué sur notre plage avec ses branches tordues comme la misère du monde c'est pas bon pour nos enfants, cette mer sans cesse à recommencer vague après vague pas foutue de déferler sans danger, enlève moi tout ça,

il y a aussi du beurre dans tes épinards, du lait dans ton café, du malheur dans ton bonheur, enlève moi tout ça,

Il y a des gens louches, embêtants et sales avec leurs chiens jaunes ou noirs qui grognent, aboient et chient partout où je pose mon pied, avec des accents étrangers, des cheveux en crête  raides à tailler les murs, enlève moi tout ça,

des oiseaux qui bombardent nos rues de leur fiente repoussante, ce satané papy boum plein de rides et de trous de mémoire qui touche sa pension sans sourciller pendant que je galère dans mon chômage, enlève moi tout ça,

des jeunes et des smartphones qui se facebookent, se twittent, hashtaguent même en dehors du printemps, qui dansent rient boivent, se tuent et ça dérange après vingt deux heures puis y a moi qui crie je t'aime parce qu'à notre âge on entend très mal, enlève moi tout ça,

Puis il y a la vie – tiens qui bouge et nous ennuie, la vie qui bout bouillonne et fait trop de bruit, ça tonne ça détonne ça entonne tous les chants des quat'saisons.

La vie qui me dit surtout ne touche à rien car tout me va, une fleur dans un arbre mort, un enfant au bras de son grand papa, 

la vie qui pue ou qui sent bon mais ne sent pas l'alcool ni le javel, ni le parfum de chez Dior ou d'ailleurs. 

Y a la vie et c'est dangereux parce qu'elle peut nous claquer entre les doigts.
  
Texte, © Joël Carayon 
Photo : affiche du film du même nom.

 

 



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