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Des
montagnes barrent un ciel comme une prison. Au sol des pierres. Dans
l'air une lumière fade, un silence clair ou pesant selon le moment.
Un village blotti au creux de sa prison. Dedans quelques voix qui
résonnent occasionnellement. A la nuit tombée, une enseigne
maladroitement bleutée de néons hollywoodiens. Un regard qui vient
du dehors, hors de l'enseigne, du village, de la prison, de la
montagne. Un regard conduit par des yeux noisettes, posé sur un
visage qu'une certitude éclaire de sa fermeté. Un sourire, des yeux
avec une longue chevelure brune, armés d'une détermination
farouche. Étrangère. Une femme jeune, petit bagage à main- il fait
nuit arrive à pieds dans cette montagne, ce village, cette prison
avec l'enseigne aux néons qui brûlent la nuit, avec ces hommes.
Hostiles. Elle arrive devant son école, sourit à la porte fermée. Pourquoi tu ne m'ouvres pas tes battants, pourquoi tu ne m'entoures
pas de tes bras chaleureusement, généreusement ? Je viens pour
tes enfants. Pour eux j'ai laissé mes frères et un père qui
voulaient me marier. Je viens envers et contre tous. En femme libre !... Une femme jeune et seule dans un village qui la repousse devant une
auberge aux néons pompeusement hollywoodiens. Dedans des hommes
bâtis dans le silence de cette enseigne, de ce village, cette
montagne qui les protègent comme une mère trop possessive. Moi qui
l'ai vu , je peux te dire qu'elle était belle cette insoumise
rehaussée de la noirceur des seigneurs mâles.
© texte propriété Joel Carayon
© texte propriété Joel Carayon
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