mardi 20 mai 2014

Chansongs

Amarcord (Fellini)
Elles s'enroulent puis se déroulent, régulièrement se déploient les unes après les autres, sonnent sur nos cordes, vibrent sur nos anches. Elles se balancent et frappent sur nos peaux, s'épanchent en échos. Elles roulent régulières, sur nos paupières emportent nos rêves, ouvrent nos horizons, s'invitent dans nos vies, y coulent en rires légers, se moquent de nos maladresses, découvrent nos faiblesses ou lèchent nos plaies. Bavardes, elles nous étourdissent de leurs refrains sans fin, nous bousculent nous enroulent, nous déroulent en longues mélodies, s'animent sur nos corps, se posent sur nos épaules, ondulent contre nos tailles, vibrent entre nos mains, résonnent dans l'épaisseur de nos chairs. Graves, elles s'appuient sur nos vies, s'attardent dans leurs mélancolies, remontent de nos mémoires, émoussées pour s'être trop longtemps arrêtées auprès de nos guerres. Elles recouvrent nos âges de leurs plaintes et frissonnent sur des accents passés, entonnent des refrains diaphanes puis meurent étouffées par leurs propres cendres, dans leurs yeux l'ombre des pas qui ne seront plus dansés. Chaque saison les renouvelle, tisse sur ces chants de nouvelles arabesques où nous jetterons nos filets, enfiévrés de pêches miraculeuses dans des océans de reflets.

©  texte propriété Joel Carayon

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