Amarcord (Fellini) |
Elles
s'enroulent puis se déroulent, régulièrement se déploient les
unes après les autres, sonnent sur nos cordes, vibrent sur nos
anches. Elles se balancent et frappent sur nos peaux, s'épanchent en
échos. Elles roulent régulières, sur nos paupières emportent nos
rêves, ouvrent nos horizons, s'invitent dans nos vies, y coulent en
rires légers, se moquent de nos maladresses, découvrent nos
faiblesses ou lèchent nos plaies. Bavardes, elles nous étourdissent
de leurs refrains sans fin, nous bousculent nous enroulent, nous
déroulent en longues mélodies, s'animent sur nos corps, se posent
sur nos épaules, ondulent contre nos tailles, vibrent entre nos
mains, résonnent dans l'épaisseur de nos chairs. Graves, elles
s'appuient sur nos vies, s'attardent dans leurs mélancolies,
remontent de nos mémoires, émoussées pour s'être trop longtemps
arrêtées auprès de nos guerres. Elles
recouvrent nos âges de leurs plaintes et frissonnent sur des accents passés, entonnent des refrains diaphanes puis
meurent étouffées par leurs propres cendres, dans leurs yeux l'ombre
des pas qui ne seront plus dansés. Chaque saison les renouvelle,
tisse sur ces chants de nouvelles arabesques où nous jetterons nos
filets, enfiévrés de pêches miraculeuses dans des océans de
reflets.
© texte propriété Joel Carayon
© texte propriété Joel Carayon
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