Photo de Pip Jaramillo
Nos
pieds sur le trottoir claquent et comptent les pas.
Au
dessus nos compteurs, chrono-maîtres insomniaques, défalquent nos
heures
du
crédit de nos vies.
Sans heurts.
Et
nos mains serrées l’une dans l’autre se soutiennent et se
souviennent.
Silence.
Silence
des hommes.
D’ailleurs
il n’y a personne ;
que
le vent du Nord vers le sud
et
nos talons qui frappent le béton
au
rythme de nos saisons.
Je
t’aime.
Mais
je me tais.
Nous avançons bien droits, nos yeux rivés sur ce point utopié.
Tu
sais, ce rêve qui battait dans nos confidences nocturnes,
sans
que rien ne nous insurge.
Hier ;
quand
nos étreintes se moquaient des années,
discrètement
se prenaient pour l’éternité.
Demain
nous serons là-bas,
sur
ce trait de lumière qui danse sous nos cieux.
Heureux
et fiers,
si
fiers,
indemnes,
oui,
parce que nous
aurons duré sans accroc,
sans
age,
sans
accrochage,
sages
images,
lissés,
lavés
de toute aspérité.
Toi,
ma chérie brune aux yeux trempés d’émeraude
et
moi riche de tes caresses de l’aube à l’aube.
C’est
écrit dans nos nuits,
c’est
écrit dans nos vies,
et
forts de nos certitudes
sans
efforts,
nous
cheminons dans nos habitudes ;
bouche
contre bouche,
goulus,
nos
espoirs scellés dans un baiser ;
c’est
écrit dans notre monde,
ce
territoire de nos corps partagés.
Du
temps où notre hier était encore projet
et
notre présent,
présence
sans incidence,
sans
consistance,
sans
insistance.
Nous,
jeunes aimants passés de l’or de notre jeunesse,
à
l’âge de l’or dans nos noces,
de
l’ivresse des grands espaces sous nos yeux qui les embrassent,
à
l’angoisse d’une géographie trop étroite pour nos mémoires
dilatées.
Superbe et touchant!
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