Ferai
mieux de fermer la fabrique à gamberge, finis les culs secs à la
table d'un Rimbaud ou Verlaine, je
bois et je trinque mais reste malvoyant, du maudit j'endosse la veste
mais reste avec ou sans absinthe le poète myope mal-disant.
Ferai
mieux d'aller à la pêche, troquer le mot contre une canne, taquiner
le poisson quand
le vers me boude, d'ailleurs
douze pieds sur l'hameçon n'aguichent plus la truite,
l'amateur des
rives
sauvages s'en va rimer
ailleurs, trempe son fil
dans d'autres cours qui n'ont plus cours, ces musées où des mots
sont mis en momies, épinglés en ribambelles immobiles, mots
grenouilles à disséquer en laboratoires de littératures
chloro-déformants, dont
le jeune apprenant ne retiendra que le cadavre écartelé et
vidé de son sang.
Je veux de la chair qui bouge
sous mes doigts, agite mes méninges, secoue l'encre de mon stylo, se
bat et s'échappe quand je voudrais la maintenir dans mes cages, la
montrer dans mon zoo. Je souris quand elle s'enfuit car sa vie est
plus forte que ma phrase nécrophage.
La vie bordel s'absente de mon
poème et c'est tant mieux car le chasseur de papillons garde
l'espoir de la traquer encore, d'étudier son territoire, de lui
voler quelques grâces avant qu'elle ne s'évanouisse à nouveau.
Je suis geôlier, je suis
pêcheur, voyeur, montreur mais je ne suis pas un tueur.
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