Haletant,
je cours les yeux vissés sur l’arrière et la route s’inquiète
de la précarité de ma course.
Derrière.
Les voix claquent comme des balles. Tout près. Derrière, un goût
de sang partout qui les rend fous.
Le
cœur panique devant l’ardeur des traqueurs. Terreur !
Mes
jambes ont pris le risque de me ralentir. De toute façon, le feu
brûle le peu d’air que mes poumons essoufflés libèrent. Enfer !
Eux :
-
Voleur ! Violeur ! Assassin !
A
mort piégeur d’âmes, à mort ! Pour les crimes que nous
avons commis ou non et qui cognent à nos tempes, à grands coups de
haine. Libère nous de la honte. Rend- nous pour un instant le
costume des braves gens. Porte notre noirceur et nous blanchis.
Moi :
-
Hier Je marchais solitaire sur des chemins loin des hordes sauvages
et rumeurs urbaines. Je cultivais mes images et mes
mots sous le couvert de mes rêves, à l’écart des rings
et des masses exaltées par le spectacle des rivalités, des combats
acharnés!
Je
passais affublé de mes ritournelles. Mais j’ai dû chanter trop
fort, trouer leur plainte. Ils m’ont vu. Ils ont flairé le
colporteur d’un étrange langage. Celui -qui-sent-le-bizarre. Le
descendant de tous les mal faiseurs. Porteur des virus d’une
peste nouvelle, réplique des grandes épidémies galopant dans tous
les moyens âges. Il faut éradiquer les mécréants!
Et
je fuis haletant, le destin sur mes traces
-
un horizon barré par des circonstances aggravantes –
Vers
plus loin que quatre barreaux.
Le
vacarme de mon cœur contre mes tempes.
Je
fuis.
Avec
au tréfonds de ma mémoire, l’image obsédante d’un ancien
entendu…
Mais
lui, était resté droit face à nous. Il avait endossé nos humeurs
bileuses et nos relents cholériques. IL croyait en nous disait-il.
IL avait versé son sang pour nous et nous nous y étendrions !
Moi
je voudrais vivre ! Hors de vos routes ! Vous n’aimez pas
sans doute. Aller de mon pas en compagnie du doute. Quelques fois
vous rejoindre dans vos auberges. Ou vous accompagner le long de vos
berges, comme familier de votre cité.
Vous
me diriez combien vos enfants ont changé. Je raconterais les idées
que j’ai chassées au fil de traces à peine marquées. J’envierais
votre bonheur douillet et vous ma liberté de voyager.
Stop !
Derrière,
la peur nourrit la meute de toute sa hargne ! Qui voudrait
qu’on m’épargne ?
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